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s’appliquer qu’à des réseaux à portée de la première ligne.

Ces différens procédés donnent des résultats médiocres. Le seul mode de destruction efficace des fils de fer réside dans l’emploi répété d’obus explosifs avec fusée sans retard, en tir parfaitement réglé. Les poteaux sont alors hachés, les débris de métal pulvérisés ; le tout constitue un excellent travail de déblaiement, mais nécessite une grosse consommation de projectiles : considération qui aujourd’hui n’entre plus guère en ligne de compte. Cependant, si complètement qu’ait été fouillé le terrain battu par l’artillerie, il est rare que le front total d’une attaque se trouve débarrassé : aussi, avec les vagues qui suivent la première ligne d’assaillans marchent des hommes armés de cisailles, qui travaillent à sectionner les fils restés intacts. Pour cette opération de déblaiement, les fusiliers de l’armée britannique utilisent, en la fixant au bout du canon, une sorte de fourche à deux branches d’acier plat et à bords tranchans, suffisante pour couper et écarter les fils ordinaires.

Lors de leur offensive victorieuse sur l’Isonzo, les Italiens paraissent avoir inauguré un nouveau système en détruisant les fils de fer non plus par l’artillerie tirant de loin et sans voir, mais par un tir direct exécuté au moyen d’un engin nouveau à grande puissance, les bombardes.

En lançant à plusieurs centaines de mètres d’énormes projectiles chargés d’une grande quantité d’explosifs, cette artillerie de tranchée a produit des effets extraordinaires et dont les résultats ont dépassé toutes les prévisions. Contre la tête de pont de Gorizia et contre les défenses accessoires du Carso, quelques heures ont suffi aux bombardes pour déblayer complètement le terrain de tous les réseaux de fils de fer sur une large étendue. L’armée britannique se sert pareillement de grosses bombes sphériques, chargées à plusieurs kilos d’explosifs et vulgairement dénommées plums-puddings, qui, lancées par des mortiers d’accompagnement, sont avantageusement employées pour détruire par un tir plongeant les fils de fer établis à contre-pente.

L’électrification des réseaux a été essayée et même, dit-on, réalisée en certains points par les Allemands, grands amateurs d’applications électriques ; mais on se heurte à de sérieuses difficultés pratiques à cause des points de contact presque inévitables des fils avec le sol qui amènent une déperdition de courant.