Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 35.djvu/925

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivant l’expression d’un correspondant de guerre anglais.

Qu’il s’agisse d’attaquer des villages ou des retranchemens organisés, les mêmes dangers proviennent de ces mitrailleuses ennemies, rescapées soit par l’effet du hasard, soit grâce à leur protection spéciale. A Mametz, à Montauban, à Fricourt, des mitrailleuses, tirant par les soupiraux des caves ou les fenêtres des maisons, causèrent de terribles ravages dans les lignes britanniques.

L’organisation allemande du village de Pozières, — d’une contenance de 400 habitans, — et de ses abords ne comprenait pas moins de 200 mitrailleuses, dont 30 étaient demeurées intactes en dépit d’un tir de destruction de quarante-huit heures. La prise de cette position formidable fut un magnifique exploit réalisé par les Australiens, mais il fallut à ceux-ci, pour s’en rendre maîtres, quatre jours et quatre nuits de combats acharnés, corps à corps, pied à pied, — hand to hand, disent les Anglais. — A chaque tournant des méandres souterrains du village, on rencontrait des Maxims en embuscade qui déchaînaient leur feu dans un couloir de mort : il fallut les réduire une à une, en attaquant leurs équipes à la grenade.

En somme, démasquées à courte distance, actionnées en tir bloqué, rapide et flanquant, ces mitrailleuses insaisissables lancent des rafales d’une extrême puissance, qui ne laissent aucun être vivant debout dans l’intérieur de la gerbe et fauchent la troupe d’attaque avec une instantanéité terrible.

Au cours des récentes attaques de Ginchy, de Guillemont, de Courcelette par nos Alliés, comme à celles de Berny, de Vermandovillers, de Deniécourt par nos propres troupes, les plus redoutables obstacles furent ces nids de mitrailleuses, çà et là demeurées intactes, surgissant diaboliquement et servies par des combattans d’élite, dont l’extrême acharnement ne fit que rehausser la bravoure des assaillans et rendre le succès de ceux-ci plus éclatant. L’expérience des précédens combats avait démontré que seuls des partis de grenadiers résolus, se coulant dans les entonnoirs et les trous d’obus, pouvaient réduire ces mitrailleurs obstinés en les attaquant à coups de bombe. Mais l’opération demeurait difficile, précaire souvent, coûteuse toujours.

C’est alors que, pour écraser ces nids de guêpes quand l’artillerie n’a pu les détruire à distance, l’armée britannique inaugura