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place la plus avantageuse derrière la deuxième ou la troisième.

Dans la défensive, les mitrailleuses ne doivent pas être toutes placées sur la première ligne, celle-ci étant trop exactement repérée par l’artillerie ennemie ; il y a intérêt à les disposer en profondeur, et de préférence à chaque saillant, pour prendre de flanc les attaques. Les mitrailleuses des Allemands sont presque toujours en flanquement, ce qui est la meilleure façon de les utiliser, en augmentant la portion efficace de la gerbe. Leurs prisonniers parlent souvent de mitrailleuses de position, montées sur affûts fixes et indépendantes des mitrailleuses d’unités. Pendant longtemps, on a casemate les mitrailleuses dans des abris protégés : blockhaus, coupoles blindées, fortins ; mais, actuellement, on a tendance de part et d’autre à n’installer les mitrailleuses qu’au moment du combat et sur le parapet même de la tranchée. En temps normal, l’engin demeure soigneusement abrité : en cas d’attaque, on sort la mitrailleuse. On évite ainsi la construction d’abris à relief forcément visible, donc repérable, et immanquablement détruit un jour ou l’autre, lorsque l’arme tire au travers d’un créneau, lequel offre en outre l’inconvénient de restreindre singulièrement le champ de tir. Lors du combat de la Ville-aux-Bois, le 23 avril dernier, et qui fut pour nos armes un succès local, nos soldats capturèrent plusieurs mitrailleuses allemandes, abritées sous terre à huit mètres de profondeur, et qu’un système de treuil avec câble et plan incliné permettait de descendre et de remonter.)

En somme, les mitrailleuses sont le plus souvent à éclipse, et caractéristiques par leur insaisissabilité, elles ne se démasquent que par leur aboiement au moment d’une attaque, et à l’instant où l’assaillant croit mettre la main sur la position ennemie : de là leur effet de surprise.

Les premiers enseignemens de l’offensive sur la Somme ont montré que les Allemands appliquaient méthodiquement et avec une remarquable ingéniosité ce système. Cherchant à mettre leurs engins à l’abri des plus formidables bombardemens, ils y réussissent parfois grâce à la profondeur de leurs souterrains ; dès que l’artillerie ennemie, allongeant son tir, entame les feux de barrage, les mitrailleurs remontent en hâte leurs fusils-machines et les installent à découvert sur ce qui reste du parapet.

Un sous-officier mitrailleur bavarois, capturé à la Boisselle