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n’hésitent pas à massacrer impitoyablement les « kamarades » qui tentent de manquer à leur parole.

Lors de l’attaque anglaise sur Mametz, les mitrailleurs allemands se sont battus jusqu’à la dernière minute : leur tranchée enlevée, ils refusèrent de se rendre. En revanche, ces mêmes soldats avaient fait preuve d’autant de sauvagerie que de courage en déchaînant leur feu implacable pour achever de malheureux blessés se traînant sur le sol.

On a remarqué d’ailleurs que la bravoure, le sang-froid, l’audace et l’habileté des mitrailleurs allemands contrastaient avec la timidité et souvent la maladresse de leurs lanceurs de bombe. Les grenadiers français et anglais se montrent en général très supérieurs aux bombardiers teutons, sans doute parce que l’usage de la mitrailleuse convient surtout à des soldats-machines, celui des engins à main faisant appel au contraire à la valeur individuelle des combattans.

Mais il faut reconnaître que, comme mitrailleurs, les Allemands sont passés maîtres dans leur art brutal.


Comment s’emploient tactiquement ces armes terribles ?

Au début de la guerre, au (cours des opérations de mouvement, nous avions considéré les mitrailleuses comme une réserve de feux ; aussi les sections étaient-elles maintenues loin en arrière et n’intervenaient-elles que tardivement, on ne les engageait qu’à regret et avec parcimonie. Nous avons vu que la conception allemande était tout autre.

Depuis, nous avons admis que les mitrailleuses doivent être regardées comme couverture de l’infanterie aux petites et aux moyennes distances ; elles prolongent en quelque sorte l’action du canon, bien qu’agissant d’une manière très différente. Donc, pour aider la progression d’une attaque, il importe d’engager rapidement le plus possible de mitrailleuses.

Mais outre ces unités de couverture, d’autres doivent accompagner d’aussi près que possible les troupes d’assaut, et se tenir prêtes à garnir la première position conquise pour faciliter à l’infanterie une progression nouvelle. La place de ces mitrailleuses est très délicate à déterminer ; bien qu’elles doivent entrer en action le plus tôt possible, il paraît très hasardeux de les faire marcher avec la première vague ; elles semblent trouver leur