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s’expliquer le rôle de certains écrous fixes aux châssis : on a su depuis qu’ils étaient construits pour s’adapter à des Maxim.

Les compagnies de mitrailleuses comprennent, comme personnel monté, les officiers et les sous-officiers : en outre, les caissons attelés peuvent prendre le trot en emmenant les servans et laissant momentanément en arrière les pourvoyeurs. On aperçoit ainsi qu’une des préoccupations du commandement allemand a été d’engager très rapidement les mitrailleuses, et au besoin de leur faire devancer leur infanterie.

Dans la zone de feu, la mitrailleuse toujours montée sur son affût est transportée, soit par un seul homme sur ses épaules (poids 55 kilos), soit par deux hommes en civière, soit par les trois servans traînant à terre la machine, dont l’affût à avant recourbé, qui lui donne l’aspect d’un gros insecte, se prête à ce mode de progression, même en terrain difficile. Certaines mitrailleuses sont munies de chaînes pour le transport à bras ; on en a tiré des conclusions un peu hâtives sur le mitrailleur rivé à sa pièce : la vérité est plus simple et moins dramatique.

Cependant, quelques exemples ont été constatés de cette manière brutale. Dans le bois de Fricourt enlevé par les Anglais lors de l’offensive combinée, un mitrailleur allemand fut retrouvé attaché à son engin par le pied et par la ceinture, mourant d’épuisement et de soif, étant complètement privé d’eau depuis trois jours. Et au fond d’un abri souterrain, dans la région de Gommecourt, les Tommies découvrirent le cadavre d’un servant rivé à sa pièce par une chaîne lui entourant le poignet.

La Maxim ne tire que dans une position, la position basse, à environ cinquante centimètres d’élévation, pour obtenir un tir fauchant au ras du sol.

A la mobilisation, les unités de mitrailleuses allemandes très nombreuses étaient complètement organisées, soit en compagnies de régiment, soit en compagnies de division. L’enseignement des guerres balkaniques, qui en France n’avait pas été suffisamment récolté, avait démontré que la présence des mitrailleuses au combat était pour l’infanterie non seulement une aide matérielle puissante, mais un appui moral considérable.

Aussi les Allemands entraient en campagne avec des milliers de fusils-machines. Cet engin de guerre convenait parfaitement à leur tempérament ; une arme automatique répondait à leur amour immodéré du machinisme et au dressage mécanique