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main. Il faut procéder ensuite au remontage de l’arme pour sa mise en batterie.

Le débit ultra-rapide de projectiles est une des caractéristiques de la mitrailleuse. Suivant les modèles, la vitesse théorique varie de 4 à 700 coups à la minute. Mais ces vitesses énormes doivent s’entendre mesurées en plein fonctionnement d’une bande déjà engagée ; il faut en déduire le temps pour le passage d’une bande à l’autre.

Au total, lorsqu’une mitrailleuse débite 400 projectiles dans une minute, il semble que ceci soit un maximum : c’est d’ailleurs un mouvement prestissimo, qu’on peut essayer de se représenter par une cadence qui serait de sept battemens à la seconde. Au point de vue tactique, il n’y a pas d’intérêt à la dépasser, et un tir sans arrêt de plus d’une minute sur le même objectif est rarement justifié.

Théoriquement, l’arme reposant sur un appui fixe, toutes les balles devraient suivre la même trajectoire : en réalité, par suite des vibrations de la pièce et du jeu existant dans les organes de pointage, il n’en est pas ainsi : les balles décrivent chacune leur courbe, et l’ensemble de celles-ci constitue une gerbe, extrêmement serrée, mais très étroite, qu’on pourrait comparer à la nappe d’eau lancée par un tuyau d’arrosage. Dans le tir avec fauchage qui est le tir normal, on juxtapose sur tout le front de l’objectif un certain nombre de gerbes. Il en résulte qu’au point d’arrivée sur le sol, la densité des balles est terrible et on obtient un effet extraordinaire de destruction sur le personnel non abrité.

L’effet du tir de mitrailleuse sur les blindages, cuirassemens ou obstacles, est le même que celui du fusil. Sur les réseaux de fils de fer, on obtient un effet de destruction assez sérieux, mais très localisé, par un tir bloqué de quelques milliers de cartouches.


La mitrailleuse est en résumé un engin léger, semi-portatif, extrêmement meurtrier, au service duquel suffit un personnel restreint : elle permet donc une économie d’hommes sur un front donné, et c’est une des raisons de la faveur extraordinaire dont elle jouit dans l’armée allemande.

En position, l’arme est peu visible, et facile à dissimuler