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Chez nous, les principaux modèles actuellement en usage sont : la Saint-Étienne ou mitrailleuse 1907, la mitrailleuse de Puteaux, la Hotchkiss 1914. Disons un mot des caractéristiques de la Saint-Etienne.

Le principe moteur est un emprunt de gaz dans le canon par un trou de 4 mm. 8 ; ces gaz arrivant dans un cylindre appelé chambre à gaz projettent vers l’avant un piston parallèlement au canon, puis s’échappent dans l’air par des ouvertures appropriées ; le piston en fin de course se trouve ramené en arrière par un ressort récupérateur. C’est ce mouvement de va-et-vient qui engendre automatiquement le fonctionnement complet de l’arme, savoir : ouverture et fermeture de la culasse avec extraction et éjection ; armé, percussion, détente ; alimentation. L’arme peut tirer soit à toute vitesse, en tir rapide, soit en tir réglé par un appareil spécial, qui permet toutes les cadences, depuis 10 jusqu’à 500 environ. L’alimentation se fait par bandes rigides en acier au nickel portant vingt-cinq cartouches.

Cette mitrailleuse ne comporte pas de manchon à eau comme sa rivale allemande ; aussi l’arme s’échauffe fortement en tir rapide : dans un tir intensif, le canon peut atteindre la température du rouge sombre, environ 800 degrés ; mais cet échauffement ne nuit en rien aux qualités balistiques de l’arme ; le canon, grâce à sa fabrication en acier spécial au manganèse, ne perd pas sa trempe, ou plutôt se retrempe à l’air en se refroidissant et se retrouve tel qu’il était avant le tir.

La pièce, posée sur un affût-trépied, peut se mettre en batterie dans deux positions : normale ou couchée. Dans la première, le tireur s’assied sur une sellette portée par la flèche ; dans la deuxième, il se couche sur le dos le long de la pièce.

Le problème du transport de la mitrailleuse est essentiel. Pour en faire une arme de l’infanterie apte à accompagner partout cette dernière, on a cherché à le résoudre au mieux. Dans les routes, les marches d’approche, les zones à grand défilement, les pièces et leur premier approvisionnement sont transportées soit sur bâts, soit sur voiturettes attelées. Sous le feu ou sous sa menace, les bâts ou voiturettes sont déchargés, et les élémens de pièce transportés à des d’homme ou à la