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officier de la Grande Armée, Faischamp, imagina une mitrailleuse, composée de canons assemblés parallèlement en faisceau prismatique et se chargeant par la culasse avec un projectile détonant par percussion : son modèle le plus perfectionné, établi en 1857, avait l’aspect et le poids d’une pièce d’artillerie, et comportait cinquante canons d’un calibre approchant de celui du fusil, et tirant cent balles à la minute, jusqu’à 2 000 mètres, portée considérable pour l’époque.

En Amérique, la guerre de Sécession amena la création de nouvelles mitrailleuses ; la plus connue fut la Gatling, à six, huit ou dix canons. Une manivelle actionnée à la main assurait le fonctionnement. La vitesse de tir atteignait théoriquement 300 coups à la minute. Mais les résultats furent médiocres.

En France, dans les dernières années de l’Empire, apparut la mitrailleuse, système de Reffye ; dite : canon à balles. Elle se composait d’un faisceau de vingt-cinq canons chargés au moyen d’un bloc chargeur approvisionné à vingt-cinq cartouches : celles-ci étaient frappées par vingt-cinq percuteurs que déclenchait la manœuvre d’un levier à main, La vitesse de tir atteignait 150 coups à la minute, et la portée des balles 2 500 mètres. Attelés et servis par l’artillerie, ces engins avaient pour but de transporter à distance le tir à mitraille. En dépit des espoirs fondés sur elles, et de leur nom impressionnant, ces mitrailleuses ne causèrent que des déceptions.

A la même époque, la Bavière adoptait une arme analogue, connue sous le nom de mitrailleuse Feld, et dont une seule batterie de quatre pièces fit sans éclat la guerre de 1870.

Aucune de ces armes n’était automatique, puisqu’elles fonctionnaient par l’énergie humaine.

Quelques années après, les Anglais et les Russes adoptaient un modèle de mitrailleuse Gatling ; mais on trouvait l’engin trop lourd, et on en vint à désirer une arme plus légère, non attelée au moment du combat, apte à accompagner partout l’infanterie, et où le rôle des servans serait réduit au minimum. Ce fut la Maxim qui, la première, réalisa ces conditions : la mitrailleuse automatique était créée. Le premier type en fut établi par Hiram Maxim après une dépense de sept millions en études, contrats et expériences : un modèle pratique était réalisé dès 1882 et adopté aussitôt par l’armée anglaise, qui en fit l’essai dans ses expéditions coloniales.