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Telle est la première phase, celle que j’ai appelée la phase de préparation politique.

Voyons la seconde, la phase diplomatique.

Que celle-ci soit importante et que les difficultés les plus sérieuses y attendent les gouvernemens de l’Entente, comment se le dissimuler, quand, d’un côté, on réfléchit aux inévitables modalités que comporte la poursuite de l’objectif que nous nous fixons, et que, de l’autre, on constate la résolution, très ferme, semble-t-il, et tout récemment encore proclamée par les Scandinaves, de ne se point laisser entraîner dans la grande guerre européenne ?

Je ne crois pas cependant que l’on doive se laisser rebuter par des obstacles plus apparens que réels.

Laissons là les déclarations officielles qui ont été faites à Christiania. Elles ne pouvaient pas ne pas être faites. Et, sans douter le moins du monde de la sincérité des personnages à qui nous devons ces protestations d’amour pour la paix, nous gardons le droit de supposer que tels événemens peuvent se produire qui provoqueraient, ou seulement hâteraient une évolution de l’opinion publique, très forte dans ces pays, en faveur de la cause que nous défendons.

Sans aller plus loin, voici que le Parlement allemand semble, au moment où j’écris, vouloir imposer au chancelier de l’Empire, — et à l’empereur Guillaume lui-même, dont l’autorité personnelle décline sensiblement, — un retour immédiat aux pratiques les plus cruelles de la guerre sous-marine. Bien mieux, un parti puissant entend qu’on les aggrave, ces pratiques, et qu’on entreprenne une vraie guerre d’extermination.

Or, déjà, les neutres du Nord sont torpillés sans merci canonnés, sabordés, quand ils vont en Angleterre ou quand ils en reviennent, ou seulement quand une partie de leur chargement paraît avoir pour destination définitive un port de la Grande-Bretagne. Là où les Alliés examinent à loisir, enquêtent et, tout au plus, retiennent, les Allemands détruisent immédiatement, sans autre forme de procès. La seule différence avec ce qui se passait avant les indécises tractations germano-américaines du mois de mai dernier, c’est que, — pas toujours, mais