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qui doit faire la demande : elle est présentée par l’Espagne. Une liste de prisonniers est dressée : n’a-t-on pas fait le catalogue des maladies et des blessures qui rendent un homme impropre au service militaire ? Tuberculeux, cardiaques, amputés, soldats grièvement atteints, peuvent rentrer au pays. Une commission allemande les désigne. Une commission de médecins suisses choisit ensuite, parmi les blessés, ceux qui pourront être internés et demander aux vallées alpestres une guérison impossible en Allemagne.

Mais le rôle de la généreuse Espagne s’est épanoui surtout en Belgique, où son action, depuis l’envahissement, a été providentielle. Si la famine n’a pas décimé ce peuple captif, c’est grâce au Comité national de secours d’alimentation, placé sous le haut patronage du roi Alphonse XIII et du président Wilson. Des millions, recueillis dans le monde entier, servent à nourrir la Belgique affamée. Par des conventions passées entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne, ce Comité national a pu recevoir des navires chargés de vivres, destinés uniquement aux Belges ; les Allemands se sont engagés à ne saisir ni toucher ces approvisionnemens.

Le prix énorme des frets, les difficultés du ravitaillement, la consommation considérable (la Belgique, en temps de paix, ne produisait que le cinquième de sa consommation), rendent la vie matérielle très chère et la misère fort grande. Le Comité national de secours d’alimentation pourvoit au plus nécessaire.

La légation d’Espagne à Bruxelles, par les soins du marquis de Villalobar (qui est aussi à la tête du Comité national), se charge de distribuer les secours d’argent que la France envoie à ses enfans restés dans les pays envahis. Des millions, chaque mois, sont répartis entre les œuvres d’assistance, soupes populaires, vestiaires, etc. familles dont les chefs se battent sur le front français, commerçans ruinés par le bombardement ou le pillage, pauvres d’autrefois sans ressources, pauvres d’aujourd’hui qui sont d’anciens riches et reçoivent discrètement de la mère patrie le secours qui leur permettra d’attendre le grand jour de la délivrance.

Notre sœur latine s’est faite notre avocate et notre comptable ; elle a mis une telle noblesse, une telle prudence dans la protection des existences et des intérêts qui lui sont confiés, qu’elle a droit à l’affectueuse reconnaissance de la France at de