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signifie patriote, — fut sauvée d’une mort imminente par l’intervention du souverain. La plus émouvante libération fut celle de M. Theodor, le bâtonnier du Barreau de Bruxelles, emprisonné comme otage, sans respect pour sa vieillesse. J’ai lu la lettre émouvante des bâtonniers du Barreau de Paris, s’adressant au Roi pour lui demander de sauver ce grand citoyen qui n’avait commis d’autre crime que d’aimer sa patrie, et j’ai lu aussi, avec le regret de ne pouvoir la rendre publique, la noble lettre que M. Theodor, du lieu de sa terrible captivité, écrivait au Souverain, pour le remercier de sa généreuse intervention. La discrétion la plus absolue est de rigueur au Palacio real, ces lettres si belles ne seront jamais publiées. Je n’enfreindrai cette discrétion que pour citer, entre tous les télégrammes de gratitude, celui-ci d’un Français, arrivé le jour de l’anniversaire du Roi.


« Sa Majesté Alphonse XIIL

« A l’occasion de Son anniversaire, je prie Votre Majesté d’agréer les félicitations respectueuses et vœux sincères que je me permets de lui adresser en mon nom et au nom de ma famille, avec l’expression de la plus vive admiration et gratitude pour son action en faveur des prisonniers de guerre, dont nous venons d’avoir un récent témoignage personnel, qui nous touche au plus haut point. »


Le Roi répondit lui-même à ce télégramme :

« Merci pour votre félicitation ; bien heureux que mes démarches aient été satisfaisantes. »


On dit communément que l’exactitude est la politesse des Rois, mais il y a, pour ceux-ci comme pour les simples mortels, la politesse des hommes de cœur : en voilà bien, je crois, le gracieux témoignage.


Les services fraternels que l’Espagne rend à la France ne se bornent pas à cette intervention miséricordieuse. L’Espagne a charge des intérêts de la France et de la Belgique dans les Empires centraux et dans les pays envahis. La protection du Roi s’exerce sur la vie et les biens de nos compatriotes, sur les