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Berlin, le priant notamment de faire, auprès du Gouvernement Impérial, toutes les démarches possibles afin d’obtenir des nouvelles de

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« Le Roi, dont les généreux sentimens s’emploient avec un si grand dévouement à soulager les angoisses des familles qui n’ont reçu depuis longtemps aucune nouvelle des leurs, forme les vœux les plus fervens pour que ses demandes aboutissent à un résultat favorable.

« Je vous prie, etc. »

Cette formule est réservée aux Français ; celle qui est employée pour les autres nations est plus brève. La nuance des sentimens qui l’inspire est sensible.

La fiche classée, le questionnaire expédié, chaque lettre porte alors le numéro de sa fiche correspondante et la marque e-ae qui signifie : les deux extrêmes sont prévenus. Ce travail minutieux, qui exige une grande attention afin d’éviter des erreurs douloureuses, est accompli sous les yeux de M. de Torrès, par des collaborateurs volontaires qui sont heureux de pouvoir témoigner aussi leurs sympathies à la France. Beaucoup d’entre eux appartiennent à la vieille noblesse espagnole. A Berlin, quarante personnes, à l’ambassade, s’occupent des recherches, et sont en relations constantes avec les Croix-Rouges d’Allemagne, les ministères de la Guerre et des Affaires étrangères.

On comprend la difficulté de ces recherches. S’il s’agit de blessés, il faut s’informer dans les hôpitaux du front ; s’il s’agit de prisonniers, il faut s’adresser dans les différens camps ; croit-on tenir enfin une trace, soudain elle disparaît, le soldat a été évacué, peut-être même a-t-il été isolé dans une forteresse, par mesure de rigueur. Les jours, les semaines passent : on ne sait rien. Ceux qui attendent dans l’anxiété ne se doutent pas de l’obstination des recherches, de la minutie des questions que l’on pose, là-bas, afin d’éviter de cruelles confusions. Songez que le nom de Durand revient cent cinquante fois dans les fiches, souvent avec un même prénom, et qu’il faut être bien sûr de l’identité du soldat avant de donner aux familles une joie ou une douleur qui pourraient être fausses. La réponse arrive d’Allemagne ou d’Autriche. Si elle est bonne, comme je l’ai dit, le Roi, tout heureux, la fait télégraphier à la famille. Si elle est