Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 35.djvu/856

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces fiches, dans le meuble qui les contient, se fait à l’aide de couleurs diverses ; on adopta en principe la couleur du livre diplomatique de chaque pays : bleue pour les Anglais, verte pour les Italiens, orange pour les Russes, jaune pour les Français et les Belges. Quant aux civils, voici les fiches des Français et des Belges restés en pays envahis ; les fiches de ceux dont on est sans nouvelles, de ceux qui ont été déportés dans des camps de concentration. Grâce à un classement aussi méthodique, il est possible, en moins d’un quart d’heure, de trouver le renseignement que l’on désire, au milieu de ces 200 000 documens réunis depuis le début de la guerre.

Lorsque ces lettres de demandes ont été lues et classées » des dames, collaboratrices volontaires de l’Œuvre du Roi, comme la condesa de la Union, doña Julia O’Shea de Muro, doña Adriana Loder de Albeniz, doña Rosario de Torres y Gonzalès-Arno, — je voudrais pouvoir nommer toutes les charitables grandes dames, amies de nos prisonniers, — les Religieuses réparatrices, les Religieuses de l’Asuncion, remplissent les fiches à l’aide de renseignemens fournis par les familles des soldats.

La feuille qu’elles préparent est divisée en trois parties. La première contient le nom, le régiment, la compagnie, le grade et le matricule du soldat, ainsi que la date de sa blessure, ou de sa disparition, et le lieu du combat : elle reste à Madrid. La seconde partie, écrite en trois langues : française, anglaise, allemande, contient les mêmes renseignemens ; celle-là est envoyée à Berlin avec la troisième partie, qui porte cette mention : résultat des démarches ; c’est sur cette dernière feuille que figurera le renseignement obtenu par l’ambassade d’Espagne à Berlin, et renvoyé par elle au secrétariat particulier du Roi.

Cette réponse peut tarder six mois, si les recherches sont difficiles, ou bien arriver dans un délai de quelques semaines. On se souvient que ce fut assez rapidement qu’on apprit par l’Œuvre du Roi la mort du colonel Driant.

Afin que les familles sachent que les recherches sont commencées, don Emilio-Maria de Torrès leur fait adresser cette lettre formulaire, d’une si délicate rédaction :

« J’ai l’honneur de vous informer, en réponse à votre aimable lettre, que Sa Majesté le Roi, mon Auguste Maître, a daigné me charger d’écrire en son nom à son ambassadeur à