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L’ŒUVRE HUMANITAIRE
DE
S. M. LE ROI D’ESPAGNE

PRISONNIERS DE GUERRE. — RAPATRIÉS — VISITE DES CAMPS

Aux portes du Ministère, aux portes des agences de la Croix-Rouge, des pères, des mères, des épouses, attendent vainement. Ils sont en quête de nouvelles ; on leur a dit que le soldat cherché était porté disparu : celui-ci depuis un an, celui-là depuis six mois, cet autre depuis la dernière offensive. Disparu ! C’est la torture de savoir si l’enfant est mort ou grièvement blessé... Pourquoi ce long silence ? dans quel hôpital, dans quel camp le retrouver ? D’autres, tourmentés par la crainte des représailles, demandent ce qu’on a fait des vieux, des femmes, de la famille, restés dans les pays envahis... Ont-ils faim ? Quel traitement l’ennemi leur fait-il subir ? Comment obtenir qu’ils soient rapatriés ?

Que répondre à ces gémissemens ? Les recherches n’ont donné aucun résultat ; nul ne peut dire si le soldat disparu est mort ou vivant. Et quelles nouvelles certaines donner de nos villes et de nos villages qui subissent l’invasion ? Les lettres parviennent difficilement, et que peuvent-elles dire, lorsqu’elles doivent passer par les mains de l’ennemi ?

La réponse est partout la même : attendez !

Mais il y a des cœurs que cette attente brise ; des cœurs qui