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par les hommes de laboratoire, service que ne sauraient reconnaître ni les titres ni les honneurs, vains hochets qui n’ont qu’un temps, et qui ne peut trouver sa vraie récompense que dans l’éternelle reconnaissance des hommes.

Cette lutte contre l’infection est souvent compliquée par les conditions mêmes de la blessure et par la nature de l’organe blessé. C’est ainsi que les plaies de l’abdomen, presque toujours accompagnées de lésions intestinales, qui entraînent fatalement les accidens les plus redoutables, les plaies du crâne si souvent compliquées de lésions du cerveau, les plaies des articulations et en particulier du genou, les fractures enfin, et les dominant toutes par sa gravité particulière et les difficultés de son traitement, la fracture de cuisse, entraînent des opérations délicates, laparotomies, trépanations, ouvertures articulaires, pose d’appareils souvent très difficiles à bien appliquer et pour lesquels certains chirurgiens de l’avant ont acquis une expérience et une habileté remarquables. Beaucoup de jeunes chirurgiens ont accompli aux ambulances une œuvre magnifique, depuis surtout que la force des choses, triomphant de la routine, du mauvais vouloir ou de l’incompréhension stupéfiante de certains chefs, indignes de la haute situation qu’ils occupent, les a mis à leur place.


Les grands blessés, — blessés du crâne trépanés, blessés de l’abdomen, du genou, malheureux dont la cuisse est brisée et auxquels tout déplacement serait funeste, — sont conservés à l’ambulance le plus longtemps possible, suivant ses ressources et l’abondance des nouveaux blessés, jusqu’à ce qu’ils soient assez bien pour être acheminés vers l’arrière. Tous ceux au contraire qui semblent pouvoir supporter un voyage quelquefois bien long, — tous les blessés légers, — sont envoyés dans l’intérieur plus ou moins loin, suivant les circonstances et la gravité des blessures.

Et c’est alors le voyage dans ces trains sanitaires, inexistant pour ainsi dire au début de la guerre, et qui, tant bien que mal improvisés, ont été, au moment de la bataille de la Marne, d’une lamentable insuffisance. Il sont aujourd’hui, et depuis longtemps, grâce à d’intelligens efforts, organisés d’une façon aussi parfaite que possible, et emportent loin du front,