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infirmités. Et l’on peut dire que c’est au premier nettoyage, au premier débridement, à la première désinfection d’une plaie qu’est lié le sort du blessé. Cette première opération, ce premier nettoyage de la plaie ne sauraient donc être faits avec trop de soins et de minutie. Il est d’ailleurs souvent fort difficile. Et c’est ici qu’un chirurgien de carrière sera véritablement à sa place.

Pour ces explorations de plaies souvent profondes et qui siègent bien souvent dans des régions dangereuses, il faut savoir tailler largement dans les chairs, il faut savoir se mouvoir avec assurance dans les régions des gros vaisseaux et des organes qui doivent être respectés. Ces interventions ne peuvent être faites correctement que par des hommes auxquels une science anatomique parfaite et la pratique quotidienne de la chirurgie a donné l’expérience nécessaire et la confiance en soi qu’autorise seul le sentiment de sa propre valeur.

Cette désinfection des plaies de guerre ne saurait être poussée trop loin. Il est d’ailleurs parfois impossible de la mener à bien d’une façon parfaite. Autant il est facile, soit par la radiographie, soit par la radioscopie, dont la plupart des ambulances militaires sont aujourd’hui dotées avec une abondance qu’on ne retrouve pas toujours dans les hôpitaux de l’arrière, autant il est facile de se rendre compte de la présence des corps étrangers métalliques et des projectiles de toute sorte dont l’extraction peut souvent être faite à l’ambulance même, autant il est difficile de dépister dans la plaie les débris de vêtemens et autres corps étrangers auxquels sont dus la presque totalité des accidens d’infection. Rien ne met sur la voie du siège de ces débris septiques qui peuvent être profondément enfoncés dans les parties molles, où rien, dans les premières heures, ne vient déceler leur présence, et cette particularité permet de comprendre le nombre des accidens d’infection tardive qui se développent autour de ces débris inaccessibles.

C’est à l’ambulance également que sera pratiquée chez presque tous les blessés l’injection de sérum antitétanique, qui a fait ses preuves, sur l’efficacité duquel on discutait avant la guerre, et sur laquelle on ne discute plus maintenant. Le tétanos est aujourd’hui très rare. Il n’est pas douteux que sa disparition presque complète soit due aux injections régulières faites aux ambulances du front. Et c’est là un service inappréciable rendu