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parfois même une première opération, lorsque les conditions matérielles ont permis de la faire, va recevoir des soins plus complets et souvent, pour les blessés graves, trouver le repos nécessaire jusqu’au jour où une évacuation vers l’arrière sera devenue possible. Son installation varie infiniment, suivant les locaux, les ressources et l’esprit d’organisation de son chef. J’en ai vu dans des granges et dans des châteaux, sous des tentes ou dans de somptueux hôtels. Elles se sont d’ailleurs singulièrement perfectionnées depuis le début de la guerre, et leurs moyens d’action se sont multipliés. Les ambulances automobiles créées de toutes pièces par le docteur Marcille ont été un grand progrès et permettent d’amener rapidement près du front de combat une salle d’opérations avec des chirurgiens compétens qui peuvent y procéder à toutes les grandes opérations que rend possibles la chirurgie moderne. Des voitures radiologiques automobiles permettent aussi d’aller, d’ambulance en ambulance, déterminer les lésions osseuses ou le siège des projectiles. De grands efforts ont été faits dans ce sens depuis le début de la guerre, et la noble émulation de la bienfaisance privée a apporté au service de santé une aide efficace et généreuse.

C’est donc à l’ambulance que bien souvent les blessés recevront les premiers soins chirurgicaux sérieux, ceux d’où dépend leur vie ou tout au moins leur avenir. Dans ces blessures, après l’hémorragie, — qui peut tuer rapidement, mais qui en somme est assez rare, les hémorragies graves amenant la mort sur le champ de bataille même, — c’est l’infection sous toutes ses formes qui est la grande ennemie, et c’est contre elle qu’il faut lutter.

Le nettoyage minutieux des plaies et des blessures sera donc le travail fondamental du chirurgien d’ambulance. Dans les blessures du crâne, ce nettoyage nécessite souvent la trépanation, et, dans les fractures, il est suivi de l’immobilisation du membre dans une gouttière, dans un appareil plâtré ou dans un de ces nouveaux appareils d’une variété infinie, dus à l’ingéniosité de nombreux chirurgiens. Dans les plaies de l’abdomen, c’est également à l’ambulance que, dans les premières heures qui suivent la blessure, la laparotomie pourra être tentée. Elle a déjà sauvé beaucoup de blessés, mais elle ne peut être faite avec chances de succès que par un chirurgien expérimenté et dans des conditions d’assistance et d’installation particulièrement satisfaisantes.