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Ce texte, de rédaction convenable, appelle quelques brefs commentaires.

Le combat devant le fort le 2 juin est représenté comme détaché des combats livrés la veille sur le saillant d’Hardaumont, le bois Fumin et la ligne des retranchemens, et le même jour à Damloup, et sur la batterie de Damloup, quand il en fait partie intégrante. C’est la retraite des élémens placés à l’Ouest et à l’Est du fort et accablés sous le nombre qui permit à l’ennemi d’aborder les coffres.

Le nombre des canons et mitrailleuses préposés à la défense de ces coffres est doublé dans la version allemande.

Le fossé Nord n’étant plus battu devint pour l’ennemi une sorte de place d’armes.

La situation paradoxale d’un commandant du fort dessus et d’un commandant du fort dedans, l’un allemand, l’autre français, n’était pas nouvelle. Elle s’était déjà présentée, inversée, les 22, 23 et 24 mai au fort de Douaumont dont les troupes du général Mangin occupaient la superstructure et une partie des casemates.

C’est le 4 juin vers midi que les Allemands, par-dessus le barrage de sacs à terre, purent lancer des flammes et des gaz asphyxians.

La version allemande nous apprend un admirable détail de la résistance, ou plutôt complète le rapport d’un observateur d’artillerie signalant le 6 juin que la coupole blindée du fort était éventrée. Les assiégés ne sont pas seulement enfermés et enfumés. Voici que sur eux le plafond s’écroule. Une ouverture s’est produite dans la voûte qui les protège. Ils s’en aperçoivent les premiers, bouchent en partie la fissure avec des sacs à terre, mais réussissent à installer une mitrailleuse qui bat une partie de la superstructure et gêne considérablement la progression ennemie. Cette mitrailleuse est si heureusement manœuvrée qu’elle ne permet pas aux assaillans d’approcher et de paralyser son tir avec des grenades. Cet incident peut être fixé au 5 ou 6 juin, car le rapport de l’aspirant Buffet, qui résume la vie du fort jusqu’à la nuit du 4 au 5, ne le mentionne pas. Ainsi, jusqu’au dernier moment, l’ingéniosité et la vigueur des défenseurs ne se ralentissent pas.

Il n’y eut aucun projet de contre-offensive de notre part dans l’après-midi du 6 juin. Notre attaque du 6 à deux heures du