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« Grand Quartier général des troupes d’attaque, » et il est aisé de deviner, à certains détails, qu’il a été revu, sinon rédigé, à l’état-major. Voici donc, dans son texte intégral, la version adverse :


Quartier général des troupes d’assaut, Nord-Est de Vaux.

4 juin.

« Le 2 juin, à 4 heures du matin, les quatre compagnies d’assaut étaient disposées en demi-cercle, à cent mètres environ autour du fort de Vaux ; elles poussèrent d’un coup jusqu’au fossé même qui, large de dix mètres et profond de cinq mètres, entre ses murs abrupts de grosses pierres carrées, enferme tout l’ouvrage, en forme de trapèze irrégulier. A travers l’effroyable feu de barrage des Français, on n’avait pu traîner jusque sur la hauteur du fort qu’une partie du matériel : des lance-flammes, des grenades à main, des haches et des cisailles.

«Le fort, très puissamment construit, n’était plus capable, par suite du long bombardement des pièces lourdes, de défendre efficacement l’espace alentour ; mais les abris-cavernes, creusés profondément dans le roc et couverts de béton armé, avaient résisté. Les coffres de flanquement des fossés n’étaient pas non plus hors de cause. Il s’agissait donc d’abord de rendre inoffensifs ses canons et ses mitrailleuses, qui, par leur feu enragé, rasant le fond du fossé, interdisaient de le franchir pour gagner l’intérieur du fort. Chacun des deux épaulemens antérieurs présentait une brèche ouverte, par l’effet de très lourds projectiles, dans les gigantesques blocs de béton qui les formaient. Le dommage était jusqu’à un certain point réparé par des sacs de sable ; et, pour protéger la brèche, on avait placé là une mitrailleuse qui pouvait agir vers le glacis. Cependant, l’obstacle principal venait des canons des coffres, qui, de leurs étroites embrasures de béton, pouvaient balayer sans merci la courte étendue des fossés. L’accès de chacun des épaulemens était interdit par le feu d’un canon-revolver de 37 millimètres, d’un canon de 55 millimètres et de deux mitrailleuses. Pas un chat n’aurait pu passer.

« La mitrailleuse qui, sur la brèche même, gênait notre approche, fut d’abord réduite au silence par des grenades à main. Puis les pionniers rampèrent jusqu’au bord supérieur du