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Lpoursuis la lutte dans les gaines. Nombreux réfugiés et blessés. Officiers font tout leur devoir et nous lutterons jusqu’au bout.

A sept heures du soir, les observateurs sur les postes de la redoute de Fleury signalent que des élémens d’infanterie en files de plusieurs compagnies montent du Nord au Sud, à la corne Nord-Ouest du fort de Vaux. Ils escaladent le fort et disparaissent à l’intérieur par le sommet. Pendant ce temps, d’autres groupes se glissent le long des tranchées entourant le fort.

Et à deux heures du matin, le 3 juin, le commandant Raynal envoie encore ce message optique : Situation inchangée. L'ennemi travaille sur les dessus et autour de l’ouvrage. Faire battre le fort par petits calibres. L'ennemi occupe en nombre nos anciennes tranchées premières lignes et les a renforcées. Il semble avoir une tranchée armée de mitrailleuse face au Sud-Ouest, non loin du fossé de la gorge.

Cette mitrailleuse n’est pas dans le fossé de gorge, mais sur la superstructure même du fort où l’ennemi a réussi à la transporter et d’où il bat le côté Sud. Il est impossible de la déloger du terre-plein ; la tourelle de 75 est démolie, il n’existe pas de tourelle de mitrailleuses, et l’on a vainement essayé de passer des mousquetons par les fentes des observatoires ; mais ces armes trop longues n’ont pas pu servir à tuer les fantassins allemands qui n’en étaient qu'à quelques mètres.

La face Sud du fort a été sauvée par les 5e et 8e compagnies et la section de mitrailleuses du bataillon Chevassu (142e), renforcées le matin du 2 juin par la 11e compagnie du 53e régiment et le soir par un bataillon du même régiment. Ce bataillon devait contre-attaquer sans retard, mais il arrive à pied d’œuvre très éprouvé par les tirs de barrage subis en cours de route, et doit se borner à tenir le terrain, à reconstruire les tranchées détruites et à s’intercaler entre les sections réduites du 142e.

Donc, le 2 au soir, l’ennemi est dans les fossés Nord et Ouest. Contenu en partie à l’Est et au Sud, il est maître des deux coffres Nord et il essaie de progresser dans l’escalier. En outre, il a grimpé dessus et, là, il bat de ses feux de mitrailleuses le côté Sud. Toute sortie devient difficile, sinon impossible. Toute communication est coupée. Il ne reste que les pigeons et les signaux. La garnison est entassée dans les casernes. Elle peut accéder encore aux observatoires et au coffre simple Sud-Ouest qui n’a pas d’ouverture sur le dehors, où