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Belfort sont occupées par la 7e et la 8e compagnie du 142e régiment, dont la 5e est sur le plateau, en soutien. Ces troupes suffiront-elles à contenir les assauts ? Ne seront-elles pas débordées à l’Ouest par le bois Fumin, à l’Est par Damloup et le fond de la Horgne sur quoi le bombardement fait rage ?

La nuit est tout animée et tremblante des innombrables éclairs des batteries, des ascensions des fusées et de leur chute en étoiles. Plus sombres qu’elle, des colonnes de ténèbres montent


PLAN DU FORT DE VAUX


des éclatemens. De l’observatoire, un homme de garde signale des mouvemens au bas des pentes. Personne ne dort, sauf quelques blessés à bout de forces. Le commandant Raynal, appuyé sur sa canne, fait le tour des couloirs. Il parle peu, il est préoccupé, mais son attitude énergique rassure. « Les officiers, dit un témoin, passaient sans cesse au milieu de nous ; ils avaient leur calme habituel, mais nous sentions que l’heure était proche, car ils examinaient tous les détails. » A 2 h. 15, avant le lever du jour, le tir ennemi s’allonge et les vagues, en demi-cercle, déferlent contre les défenseurs. Notre barrage a été tardif : elles ont pu se porter en avant sans être rompues, et les voici qui arrivent sur la tranchée du fort