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aux officiers qui seront de service près de toi. Sois honnête, mais reçois tous les hommages. On te doit tout et tu ne dois rien que par honnêteté... »


Joséphine, qui a été souffrante et n’a pu assister à la représentation qu’elle avait demandée du Don Juan de Mozart, quitte Strasbourg le 8 frimaire (29 novembre). Elle commence à travers l’Allemagne un voyage triomphal : des escortes de cavalerie se relayent pour lui faire honneur ; elle est accompagnée d’écuyers de chaque cour ; les princes vont au-devant d’elle ; elle passe, en son carrosse à huit chevaux, sous des arcs de triomphe, devant des temples enfermant le buste de l’Empereur, devant des colonnes de cent pieds de haut sur qui on lit : Josephinæ Galliarum Augustæ ; canon, cloches, spectacles, cercles, galas, concerts, visites. A qui fera-t-on croire que c’est ici, à Carlsruhe, que l’on hait le plus violemment l’Empereur ? Après Carlsruhe, Stuttgart et un développement plus fastueux encore d’arcs de triomphe, d’autels égyptiens, de dîners dans la Salle Blanche, en face de l’orchestre, avec l’Impératrice et les princes sous un dais, deux tables de cent couverts à droite et à gauche, le service par les grands officiers, et le reste : puis opéra italien, feu d’artifice, que dire ? Quand elle part, le 12 frimaire (3 décembre), à sept heures du matin, toute la famille électorale est réunie et l’Electrice a tous ses diamans !


FREDERIC MASSON.