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À Strasbourg, ce 18 (vendémiaire) à neuf heures du soir (10 oct. 1805).

« Je suis au comble de la joie, mon cher Eugène ; un courrier de l’Empereur annonce quinze mille prisonniers, des drapeaux, des canons, etc. La relation que M. de Talleyrand te fait passer te donnera tous les détails de cette affaire. Je me borne, moi, à te faire part du bonheur que j’éprouve et à t’assurer que ta mère t’aime de tout son cœur. »

Puis ce sont les lettres de la campagne d’Ulm.


À Strasbourg, ce 28 (vendémiaire) (15 oct. 1805).

« Je t’embrasse, mon cher fils, et m’empresse de t’envoyer la copie d’une lettre que je reçois à l’instant de l’Empereur. La voici mot à mot[1] :

« Mon armée est entrée à Munich. L’ennemi est au delà de L’Inn d’un côté. L’autre armée, de 60 000 hommes, je la liens bloquée sur l’Iller, entre Ulm et Memmingen. L’ennemi est battu, a perdu la tête, et tout m’annonce la plus heureuse campagne, la plus courte et la plus brillante qui ait été faite. Je pars dans l’instant pour Burgau sur l’Iller. Je me porte bien ; le temps est cependant affreux. Je change d’habit deux fois par jour, tant il pleut. Je t’aime et t’embrasse. »


À Strasbourg, le 30 vendémiaire (22 octobre, à onze heures du soir).

« On m’annonce qu’un courrier part à l’instant pour l’Italie. J’en profite, mon cher Eugène, pour t’envoyer la copie d’une lettre que j’ai reçue ce matin de l’Empereur. Elle te fera, j’en suis sûre, autant de plaisir qu’à moi.

« Adieu, mon cher fils, je n’ai que le temps de t’embrasser et de t’assurer de ma tendresse,

« JOSÉPHINE.

« Tu devrais bien me donner des nouvelles de ce qui se passera en Italie. »


Copie d’une lettre de Sa Majesté l’Empereur et Roi, à Sa Majesté l’Impératrice.

« J’ai été, ma bonne Joséphine, plus fatigué qu’il ne le

  1. Cette lettre de l’Empereur est du 20 vendémiaire.