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REVUE LITTÉRAIRE

CHRONIQUEURS DE LA GUERRE [1]


La littérature a voulu servir. Et, la jeunesse littéraire, on sait ce qu’elle a fait et fait encore, ce qu’elle a donné de dévouement, les pertes qu’elle a subies : on ne peut évaluer tout le génie qui est mort, on sait le courage qui se dépense. Comme la littérature est d’abord un jeu, sans doute ne se figurait-on pas que des littérateurs fussent tout prêts à une activité violente et rigoureuse ; mais on a vu, dans leur troupe soudain debout, tant de héros qu’en vérité le jeu d’écrire est donc une bonne et fière école pour les âmes, qui mènent les corps. Ces combattans ont recherché aussi une grâce, qui est l’ornement de leur énergie : ils montrent que, dans les tranchées, sous la perpétuelle menace, ils n’oublient pas leur amour et leur plaisir, la littérature. Ils écrivent ! Leurs livres se comptent par centaines et, — plusieurs chefs-d’œuvre dans une abondance un peu mêlée, — composent une étonnante histoire de la guerre.

À l’arrière pareillement, la littérature a servi. Elle a interrompu l’ancien amusement, qui n’était plus de saison : elle a consacré toute sa ferveur à l’unique pensée, la guerre. Romanciers, auteurs dramatiques,

  1. Maurice Barrès, L’Ame française et la guerre, 4 volumes (Émile Paul) ; — Henri Lavedan, Les Grandes heures, 2 volumes (Perrin) et Dialogues de guerre (Fayard) ; — Frédéric Masson, A l’arrière (Ollendorff) ; — Jean Richepin, Proses de guerre (Flammarion) ; — Maurice Maeterlinck, Les débris de le guerre (Fasquelle, ; — Pierre Loti, La hyène enragée (Calmann-Lévy) ; — André Suarès, Commentaires sur la guerre des Boches, 4 volumes (Émile-Paul) ; — Marcel Boulanger, Le cœur au loin et Sur un tambour (Crès) ; — Charles Chenu, De l’arrière à l’avant (Plon) ; — Fernand Laudet, Paris pendant la guerre (Perrin).