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d’octobre leur ont coûté des pertes extrêmement élevées. Les communiqués des deux adversaires parlent de l’enfer de Doberdo. L’ardeur des troupes italiennes ne put cependant réussir à jeter assez loin leurs adversaires, et ils durent s’immobiliser à nouveau dans la guerre de tranchées.

Donc, à la fin de 1915, les opérations restaient stationnaires sur le front austro-italien. Les Italiens n’avaient rien perdu de leur avance sur la frontière, ils avaient même, au prix de grands efforts, gagné sur les crêtes et dans les vallées, sans tenir pourtant aucun des objectifs importans : Rovereto, Trente, Toblach, Tarvis, Tolmino, Gorizia, Trieste. Les combats se localisaient.

Cependant, les Italiens avaient occupé Durazzo et Vallona sur la côte d’Albanie et marquaient par là l’intérêt que prenait l’Italie aux événemens balkaniques. L’occupation de Vallona était le gage du concours éventuel de l’Italie à l’action de l’armée que les Alliés constituaient à Salonique. Elle le prouvait en aidant à recueillir et à reconstituer les débris de l’armée serbe. Mais elle ne put sauver le Monténégro et, en particulier, ces bouches de Cattaro, sur lesquelles aurait dû se concentrer dès le début l’intervention des flottes alliées.

L’hiver allait suspendre les opérations, mais il ne faudrait pas croire que les Italiens comme les Autrichiens restèrent inactifs pendant cette période. Les alpins italiens et autrichiens n’ont pas cessé de combattre à des altitudes invraisemblables, au milieu des glaciers et des neiges de l’Ortler, de l’Adamello, du Marmolata, du Cristallo, etc. On a raison de dire que ces combats seront un jour classiques, au même titre que les campagnes de Rohan dans la Valteline et de Lecourbe en Suisse. Certaines rencontres ont eu lieu en pleins glaciers. Le 20 septembre, dans l’Ortler, une colonne italienne montait un canon à plus de 3 000 mètres et enlevait un pic à 3 400. Le col de Lana, situé à 2 400 mètres dans la région du Haut-Cordevole, encombrée de neiges épaisses, fut enlevé le 7 novembre après une préparation par l’artillerie ; une contre-attaque autrichienne fut repoussée le 18 novembre, elle fut renouvelée également en février et eut le même sort. Sur le Carso et sur l’Isonzo, on peut dire que la bataille fut sans trêve tout l’hiver, par le canon principalement. Les Autrichiens essayèrent à plusieurs reprises de ressaisir les positions perdues.