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entre Monfalcone et Gradisca. La flotte devait leur prêter son concours, mais il est probable qu’elle n’a pu s’approcher assez près sous la menace des sous-marins de Pola et des champs de mines qui doivent interdire le golfe de Trieste.

Le Carso s’avance entre Monfalcone et Gradisca par deux éperons rocheux, le Monte dei Sei Busi et le Monte San Michèle. Doberdo et San Martino étaient les centres de la résistance autri- chienne. A la fin de juillet 1915, les italiens s’emparèrent des abords de ces positions après une lutte meurtrière qui dura plu- sieurs journées. Secondés par une admirable préparation d’artillerie, ils délogèrent les Autrichiens à la baïonnette et firent plusieurs milliers de prisonniers. Les contre-attaques autrichiennes échouèrent. On put croire que Gorizia allait tomber, mais les Italiens se trouvèrent devant de nouvelles positions aussi fortement organisées. D’autre part, ils n’avaient pu réussir à s’emparer du mont Sabotino sur la rive droite de risonzo en face de Gorizia. La guerre de siège continua.

A partir du mois d’octobre, la bataille du Carso reprend son activité. C’est l’époque où les Austro-Allemands préparent l’attaque de la Serbie. La situation dans les Balkans s’est aggravée au détriment des Alliés ; la Bulgarie a pris parti pour l’Allemagne, la Grèce garde une neutralité plutôt hostile à l’Entente. La Roumanie ne peut sortir de l’abstention que lui commandent les circonstances. L’entreprise des Dardanelles a définitivement échoué. Mais c’est aussi le moment où les Alliés comprennent enfin les fautes commises et, sous l’impulsion du gouvernement français, réalisent l’unité de vues et de direction pour l’action décisive. L’efîort incomparable qui va mettre en œuvre toutes les forces nationales des nations alliées jaillit des revers mêmes de cette tragique fin d’été 1915. A défaut de Constantinople, les Alliés se décident à garder Salonique ; il ? arriveront trop tard pour empêcher l’écrasement de la Serbie, mais Salonique sauve l’avenir.

Il importait que les Italiens opérassent avant l’hiver une diversion assez puissante pour détourner une partie des forces autrichiennes dirigées contre la Serbie et le Monténégro. Ils reprennent l’offensive dans tous les secteurs. Malgré les neiges nouvelles, ils attaquent vivement autour du Trentin et sur la route de Toblach et tentent un nouvel assaut sur le Carso. Los Autrichiens ont reconnu que ces terribles combats de la fin