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du Terglou et coule en entier en territoire autrichien. Très resserré dans les gorges de sa vallée supérieure, forcé par les contreforts des Alpes Juliennes et du Terglou à décrire de larges boucles, il débouche dans la plaine à Gorizia. Par un de ses affluens supérieurs, il ouvre la route du col de Prédit qui aboutit à celle de Tarvis. Les Alpes Juliennes et le Terglou sont d’âpres montagnes calcaires, aux plateaux crayeux et dénudés ; elles se prolongent au Sud par les Alpes de la Carniole et le Carso, qui sont moins élevées, mais qui ont le même caractère. Ces massifs confus et difficiles défendent les abords de Tiieste et de Laibach ; ils sont traversés par la voie ferrée de Gorizia à Klagenfurt et de Trieste à Laibach par Adelsberg. Gorizia est reliée à Trieste par deux voies ferrées. Toutes les routes aboutissent dans le grand couloir de la Save.

Cette courte description géographique, que précise notre croquis, était nécessaire pour faire comprendre les opérations qui se déroulent dans les Alpes austro-italiennes depuis 1915. Nous ne pouvons suivre dans le détail ces opérations, mais un historique rapide suffira à faire connaître à la fois leurs difficultés et les objectifs qu’ont poursuivis les Italiens.


Dans la première semaine, les troupes italiennes attaquent partout, sans qu’on puisse déterminer encore le secteur sur lequel se portera l’effort principal. Dans le Trentin, les Alpins occupent le Tonale et s’avancent dans le val del Giudicaria ; à l’Est du lac de Garde, ils s’emparent du Monte Baldo avec un superbe élan et de la petite ville d’Ala, d’où ils sont en face de Rovereto, dominant la ville du haut du Conizugna. L’attaque a été plus violente par le val Sugana. Les forts autrichiens avancés ont été détruits ou réduits au silence. Pourtant, du plateau des Sette Communi, les colonnes italiennes occupent Borgo, dans le val Sugana, et le mont Pasubio, à l’Est de Rovereto, et Premiero. En Cadore, le Cortina d’Ampezzo et le Monte-Croce sont enlevés ; les progrès sont plus lents du côté de la Carnie ; mais l’artillerie italienne bombarde le fort de Malborghetto qui défend la route de Tarvis. Du côté de l’Isonzo, les Italiens sont arrivés assez facilement aux abords de la rivière, ils l’ont franchie dans sa région inférieure et occupent Gradisca et Monfalcone. Les objectifs immédiats sont Gorizia, Plava et