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avant 1866, et que Barzilai a expressément confirmées dès 4890.

Mazzini précisait ainsi les limites indispensables à la sécurité de l’Italie : « Les Alpes Juliennes nous appartiennent comme les Alpes Carniques dont elles sont le prolongement ; le littoral istrien est la partie orientale du littoral vénitien. Le haut Frioul est nôtre. Par ses conditions ethnographiques, politiques, commerciales, l’Istrie est italienne, et elle nous est aussi nécessaire que les portes de la Dalmatie sont nécessaires aux Slaves méridionaux. Trieste nous revient de droit ainsi que la Postoïne ou Carsie.

« Le Trentin, quant à lui, est un territoire essentiellement italien, d’au delà Brunopoli à la ceinture des Alpes Rhétiques. Les eaux qui descendent de ces Alpes intérieures ou pré-Alpes se jettent d’un côté dans l’Adige, de l’autre dans l’Adda, l’Oglio et la Chiese, se mêlent toutes aux eaux du Pô et se jettent comme elles dans le golfe vénitien ; les oliviers, les orangers, les fruits du Midi, la température, toute la nature en opposition avec celle de la vallée de l’Inn, parle de l’Italie et rappelle la Xe Région italique d’Auguste. Et les traditions, les coutumes, sont italiennes, aussi bien que les relations économiques, et les voies naturelles de communication. »

En octobre 1890, Barzilai rappelait à Crispi, le ministre inféodé à la Triple-Alliance, la nécessité impérieuse de modifier la situation stratégique en la combinant avec les justes revendications de l’Italie :

« Le Trentin est un grand coin qui, partant de la chaîne des Alpes, s’enfonce au cœur de la Lombardie et de la Vénétie. L’Autriche en a fait un immense camp retranché, base formidable d’opérations, abri sur en cas de retraite, que six ou sept grandes voies stratégiques rendent particulièrement propres à l’attaque. Si la vallée du Pô est le bastion de l’Italie, le Trentin est la plus importante de ses fortifications. Un ennemi qui possède le Trentin a un pied sur nos glacis.

« A l’Est, pour trouver une ligne de défense, les Italiens sont forcés de se retirer au delà du Tagliamento, au delà de la Piave en abandonnant à l’ennemi la Vénétie presque tout entière. Et encore cette ligne, celle de l’Adige, présente des dangers sérieux, tant que l’Autriche nous menace par les débouchés du Trentin. La frontière fut-elle portée jusqu’à l’Isonzo, notre situation n’en serait pas améliorée, car, même en rassemblant sur ce fleuve le gros de nos forces, nous ne