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LE FRONT ITALIEN
1915-1916

L’enthousiasme soulevé en Italie par la prise de Gorizia n’a pas peu contribué à déterminer le mouvement d’opinion publique qui a fini par entraîner le Gouvernement à déclarer la guerre à l’Allemagne. C’est un signe des temps. Cette déclaration de guerre a précédé de quelques heures l’intervention de la Roumanie. Les deux se complètent et marquent le tournant décisif de la guerre.

La bataille italienne avait gardé jusqu’ici un caractère spécial, elle restait isolée, non pas seulement parce qu’elle se déroulait sur un théâtre d’opérations entièrement constitué par les Alpes, mais surtout parce qu’elle se réduisait à la lutte contre l’Autriche-Hongrie. Le front italien entre aujourd’hui dans le front unique, pour nous servir d’une expression peut-être trop absolue. Il obéit néanmoins aux directives générales, et il se prolonge déjà par les détachemens qui opèrent dans les Balkans. En attendant que des faits nouveaux se produisent, il n’est pas sans intérêt de jeter un regard sur ce front italien, tel qu’il s’est constitué depuis mai 1915, et d’apprécier comme elle le mérite la part que l’armée italienne a prise à l’œuvre d’ensemble.

Pour bien comprendre les opérations italiennes, il ne s’agit pas tant d’étudier la région de hautes montagnes où elles se sont poursuivies depuis quinze mois que de regarder sur la carte la frontière austro-italienne. Le tracé de cette frontière nous