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le coup de maillet d’usage frappe la table présidentielle. Le dénouement est proche. On s’entasse dans les galeries et les couloirs.

Le comité chargé de conférer avec les progressistes leur a dès maintenant suggéré le juge Hughes comme candidat commun à la présidence. Mais, d’Oyster Bay arrive un message : le colonel propose aux deux conventions le sénateur Lodge, du Massachusetts. Les délégués de cet État manifestent un enthousiasme modéré. Le troisième scrutin commence. Un à un les favorite sons disparaissent. Tour à tour les États viennent apporter au juge les votes de leur délégation. Parlant au nom des partisans de Roosevelt, un délégué du Colorado retire sa candidature. « Amen, » répond une voix des galeries. Weeks, Sherman, montent sur l’estrade pour s’effacer devant le candidat qui maintenant a toutes les préférences. L’appel du New Jersey révèle qu’il a déjà la majorité. Et le chiffre des voix monte toujours. Quelques minutes avant une heure, le greffier appelle, tout au bas de la liste, les Îles Philippines. Charles Evans Hughes vient d’être nommé. Seuls, sept délégués ont volé pour le sénateur Lodge, dernier espoir des partisans de Roosevelt.

Un délégué monte sur l’estrade et propose que la nomination de Hughes soit maintenant faite à l’unanimité. Le favori de Roosevelt, le sénateur Lodge, intervient en personne pour appuyer la motion. « Cette grande convention, déclare-t-il, a choisi pour candidat un homme fort, émérite, distingué, intègre, vraiment américain. Il doit recevoir le cordial appui, non seulement de tous les républicains, d’une extrémité du pays à l’autre, mais de tous ceux qui croient honnêtement qu’une nouvelle période de quatre années accordée à l’administration actuelle serait, pour les États-Unis, une calamité nationale. » Un formidable torrent d’enthousiasme accueille ses paroles, tandis que, par une écrasante majorité, les délégués, impatiens d’en finir, portent sur le ticket, comme vice-président, le sénateur Fairbanks.

À l’Auditorium, où la curiosité de tous se précipite, l’enthousiasme du début fait maintenant place à la plus triste des déceptions. À midi et demi, la convention progressiste avait nommé, par acclamation, son idole, quand survint, comme une trombe, ce message télégraphique : « Je vous suis très