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et fasse que la défense des droits américains ne soit pas un vain mot... Il y a des millions de patriotes, hommes et femmes, qui, tournés en ce moment vers Chicago, prient Dieu que les deux partis s’unissent sur le nom d’un homme d’action. Cet homme, c’est Théodore Roosevelt. » Et, là-dessus, la manifestation recommence.


8 juin.

Républicains et progressistes ont entamé des négociations. Une commission s’est régulièrement formée pour un échange de vues entre les deux conventions jumelles. Grâce aux communications départi à parti, les deux plates-formes, ou programmes, se rapprochent. Certaines questions sont de part et d’autre omises ou très légèrement indiquées. Sur le suffrage des femmes, par exemple, où le Grand Vieux Parti n’a pas la hardiesse des progressistes, il s’en tire par une adresse de formule. Quand, à quatre heures, le président Harding, au Colisée, en commence la lecture en ces termes : « Le parti républicain, réaffirmant sa foi dans le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, favorise, comme mesure de justice, le suffrage des femmes, » les suffragettes présentes se lèvent, et, s’emparant des chapeaux de leurs voisins, les brandissent, les jettent en signe de triomphe. Mais des éclats de rire tonitruans, coupés d’applaudissemens, accueillent promptement cette prudente et cruelle réserve : « Le parti reconnaît cependant à chaque Etat le droit de trancher la question. » Atténuant partout leur opposition sur les questions d’ordre intérieur, les deux programmes, qui se votent d’enthousiasme, l’un au Colisée, l’autre à l’Auditorium, se rapprochent au point de se confondre, dans leur critique de la politique extérieure du président.

« Nous affirmons, dit-on au Colisée, la ferme intention d’assurer la protection de tout citoyen américain dans tous les droits à lui reconnus par la constitution, les traités, le droit international, à l’intérieur et au dehors, sur terre et sur mer. Ces droits, que, en violation de la promesse expresse de leur parti à Baltimore en 1912, le Président démocrate et le Congrès démocrate n’ont pas réussi à défendre, nous entendons inflexiblement les maintenir. Nous désirons la paix, la paix de la justice et du droit ; nous croyons au maintien d’une honnête et forte neutralité entre les belligérans dans la grande guerre