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de chacun d’eux, le vote pour la présidence de la République est le grand acte électoral national. Le 4 mars prochain, le président actuel, M. Woodrow Wilson, arrive à l’expiration de la quatrième année de ses pouvoirs. En novembre, les électeurs seront, dans tous les Etats de l’Union, appelés à désigner, au premier degré, ceux qui, au mandat impératif, voteront dans l’élection suprême. Pour éviter toute surprise, la coutume s’est, vers 1832, établie de désigner, dans une réunion préparatoire ou convention, le chef auquel la confiance du parti remet le soin de le conduire à la victoire : convention nationale, où chaque Etat envoie, quelle que soit l’importance du parti dans l’Etat, deux fois plus de délégués qu’il ne compte de représentans et de sénateurs au Congrès, en même temps que, par courtoisie, bien que sans voix dans l’élection présidentielle, un territoire comme l’Alaska, des colonies comme Porto-Rico et les Philippines, enfin le district fédéral de Colombie, y sont également représentés. Un millier de délégués titulaires (exactement 896), et autant de suppléans, sont présens ici, par un de ces développemens où la puissance créatrice de la coutume constitutionnelle affirme la persistance de sa vitalité : vitalité d’autant plus marquée que deux grands partis en même nombre, républicains et progressistes, vont tenir ici, le 7 juin, leurs assises, tandis que les démocrates, groupés autour du président Wilson, se réuniront pour arrêter leur liste électorale (ticket), une semaine plus tard, le 14 juin, à Saint-Louis.

Cette coïncidence de deux conventions dans la même ville, surtout dans une ville si active, doit, tout naturellement, provoquer une animation plus grande, plus bruyante : le bruit, aux Etats-Unis, est, plus qu’ailleurs, l’accompagnement de l’élection. Pas d’activité politique, non seulement sans discours, mais encore sans parades, sans musique et sans cris. Mais, en dépit du nombre, du mouvement, de la variété du flot humain qui roule à travers la ville, ce n’est pas cette frénésie d’enthousiasme, cette ardeur de tumulte, de pavoisement et de musique, auxquelles l’œil et l’oreille sont habitués. Dans les hôtels, le Blackstone, le Congress, dont Chicago est si fière, la foule envahit les galeries, les célèbres « Allée des Paons, » trop encombrées pour que l’élégance y puisse, comme le nom l’indique, faire la roue, les salons d’or ou de cristal, où les favorite sons, célébrités locales, que leur