Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 35.djvu/528

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bataillons Chevassu et Bouin, du 142e, l’un à gauche, l’autre à droite, l’un au-dessus du ravin de la Horgne, l’autre au-dessus du ravin de la Gayette, ont mitraillé l’ennemi. Les pertes de celui-ci ont été considérables. On a pu voir dans les fonds les taches des uniformes gris-vert se multiplier. L’ordre donné prescrivait de « résister sur place avec la dernière énergie et de maintenir nos positions. » Il a été fidèlement exécuté. Pourra-t-il l’être dans sa seconde partie, le lendemain ?

Par suite des pertes et de l’état de fatigue des hommes, la situation est grave. L’ennemi continue à se grouper dans le ravin de la Horgne : notre artillerie tire sur ces rassemblemens qui se dispersent, mais se reforment. Et, sur la crête de Vaux, des sections allemandes apparaissent, que nos mitrailleuses prennent pour cible. Le fort est-il encore à nous ? C’est l’angoissante question qui se pose.

Une patrouille exécutée en avant de la batterie ramène deux prisonniers, à la pointe du jour : d’après les renseignemens qu’ils fournissent, cinq compagnies occuperaient Damloup ; trois autres, sorties du village, seraient chargées d’attaquer la batterie. « Toute la journée du 4, note le sous-lieutenant Brieu, les Allemands nous bombardent violemment et, dans la soirée, ils nous attaquent brusquement encore. Notre fusillade les arrête. C’est à ce moment que le brave et cher capitaine Cadet tombe, frappé d’une balle au front, et, pendant que deux soldats emmènent le corps un peu en arrière, nous continuons de nous battre. Enfin, dans la soirée, nous sommes relevés. » Un tir efficace de notre artillerie sur Damloup, sur le ravin de la Horgne et en avant de la batterie disperse les forces ennemies, et la nuit se passe sans attaque. La relève, par un bataillon du 305e, s’accomplit sans pertes. Le 5 juin, nouveau bombardement et nouvel assaut parti de la Horgne et fauché avant même de déferler.

Il s’est passé à l’Est du fort de Vaux, le 2 juin et les jours suivans, ce qui s’est passé à l’Ouest, dès le 1er. L’ennemi, le 1er juin, s’est jeté sur le saillant d’Hardaumont, dont il s’est emparé. De là, il a pénétré dans les retranchemens R3 et R2, mais il a été barré au bois Fumin et devant R1. Jusqu’à la nuit du 8 au 9 juin, R1 résiste à toutes les attaques. De même, le 2 juin, les Allemands, profitant de leur préparation par les gaz, occupent Damloup ; mais la batterie de Damloup leur