Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 35.djvu/526

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chercher à prendre la position importante que nous occupons. Toute la journée, nous sommes sur le qui-vive... »

La contre-attaque de la 11e compagnie du 142e a donc été arrêtée par les mitrailleuses installées à la sortie de Damloup, juchées sur les morceaux de toits épargnés par les bombardemens, dissimulées derrière les pans de murs. Faut-il la recommencer avec des effectifs plus importans ? Le bataillon Pélissier du 52e est prêt à marcher : des grenades lui ont été distribuées. Mais les quelques heures qui se sont écoulées ont permis à l’ennemi de se mieux retrancher. Damloup, du côté Ouest, est plus aisé à défendre qu’à attaquer. Les ravins qui le flanquent sont jusqu’aux pentes Sud aux mains des Allemands, et le promontoire qui y conduit est étroit. En outre, des renforts ont été vus qui venaient de Dieppe, des travailleurs ont été signalés à l’artillerie sur les faces Ouest et Sud. Mieux vaut fortifier la batterie de Damloup, les pentes Sud du fond de la Fayette et du fond de la Horgne et profiter de la nuit pour organiser solidement cette nouvelle ligne qui peut tenir. Et l’on se met au travail, tandis que l’artillerie disperse sans cesse les rassemblemens ennemis et arrose le village perdu de Damloup. « Les hommes creusent et se mettent à l’abri. Le déluge de fer a recommencé et dure toute la nuit : c’est le vacarme assourdissant des explosions ininterrompues. » Le lendemain, au lever du jour, la situation s’est améliorée et de pied ferme nos hommes attendent les attaques.

Le bombardement qui les précède bouleverse les tranchées aménagées hâtivement, face à Damloup, et écrase la batterie. C’est le tocsin qui provoque l’incendie. Ce n’est qu’à 3 heures du soir que les Allemands montent à l’assaut. Ici, je recours à la relation du sous-lieutenant Brieu :


« Le 3, le jour se lève, trouvant chacun à son poste et dans une situation améliorée. Je pense rêveusement à ce que cette journée nous réserve et j’examine mes hommes. Ils sont certes très fatigués, cela se lit sur leur figure, mais on voit qu’ils sont décidés et qu’on peut compter sur eux. J’ai eu hier pas mal de tués et de blessés ; le nombre s’est accru la nuit et ce matin le bombardement me fait encore des victimes, dont mon pauvre ami le lieutenant Métayer, tué à son poste, d’une balle au ventre.