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— encore devra-t-il les renforcer, dès le 5 juin, avec la IIe brigade du corps alpin, — il montre tout le prix qu’il attache à cette proie déjà tant blessée !

Notre défense hors du fort est ainsi disposée : au saillant d’Hardaumont (bois de la Caillette) un bataillon du 24e régiment ; de la digue au retranchement R1, le Ier bataillon (commandant Fralon) du 101e régiment ; une compagnie à la digue ; une compagnie, — la 3e, lieutenant Goûtai, — à R3 et R2, un peloton à chaque redoute ; — de R1 à l’Ouest du fort, le 2e bataillon (commandant Casablanca) du 101e ; la 8e compagnie, capitaine Delvert, à R1, la 7e en crochet défensif devant et à gauche du fort.

La chaîne se continue par le 142e régiment (colonel Tahon) qui a fourni au fort sa garnison et qui occupe, devant et à l’Est, la tranchée de Belfort avec son 2e bataillon (commandant Chevassu) : les 7e et 8e compagnies dans la tranchée de Belfort, les deux autres en soutien au Sud-Est. Le 1er bataillon (commandant Mouly) occupe le village en flèche dé Damloup avec trois compagnies, la 4e tenant en arrière la batterie de Damloup et la tranchée de Saales qui, de la batterie, rejoint le village. Enfin, le 3e bataillon (commandant Bouin) est chargé, plus à l’Est, du secteur de Dicourt et de l’ouvrage de la Laufée. Des relèves ou des renforts compléteront la défense.

Le 1er juin, à huit heures, l’ennemi, après son intense préparation d’artillerie, attaque ce saillant d’Hardaumont que nous tenons encore au Nord du ravin du Bazil où passent la voie ferrée et la route de Fleury à Vaux. De la redoute R1 sur les pentes du plateau qui porte le fort de Vaux, le capitaine Delvert est aux premières loges pour suivre l’action qui se déroule en face de lui, de l’autre côté du ravin. Il voit les fantassins allemands sortir comme des fourmis, quand on a frappé du pied une fourmilière. Les voici qui dévalent sur notre tranchée du saillant. Ils sautent dedans. La fumée blanche qui en sort indique qu’il s’y livre un combat à la grenade. Des essaims de capotes bleu clair essaient plus loin de regrimper les pentes du bois de la Caillette déjà inondées de soleil : ils refluent en désordre sur le ravin de la Fausse-Côte et redescendent vers l’étang. Les obus éclatent au milieu d’eux, mais presque personne ne tombe. Puis les Allemands, en colonne par un, se glissent le long de la voie ferrée. Nul doute : le saillant est perdu, et ils tiennent le ravin.

Ils continuent de défiler jusqu’au talus de la voie ferrée. En