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ravin du Bazil pour contourner, dans le bois de la Caillette, le saillant d’Hardaumont qui nous appartient. Puis elle revient franchir le ravin sur la digue, passe devant les retranchemens R3, R2 et R1, enveloppe le fort à deux cents mètres à peine de la contrescarpe, descend dans le fond de la Horgne pour s’allonger en pointe au village de Damloup et revenir en arrière dans le fond de la Gayette devant la Laufée.

Le saillant d’Hardaumont et le village de Damloup sont en flèche et leur défense est précaire. Les retranchemens sont bouleversés. Quelle barrière peut encore offrir le fort ?


V. — L’ÉTREINTE SE RESSERRE À L’OUEST (1er juin)

Dans quel état est-il, ce pauvre fort de Vaux qui, depuis le 21 février, depuis cent jours, reçoit sa ration quotidienne d’obus : dix mille en moyenne pour la région et de tous les calibres, mais principalement des plus gros, du 210, du 305 et jusqu’à du 380 ? Il doit être martelé, pilé, écrasé, concassé, nettoyé, pulvérisé ; inutilisable et inhabitable, peut-il être autre chose qu’un amas sans nom de pierre et de terre, de débris de toutes sortes changés en poussière ou en cendre ? Où l’artillerie de l’empereur Guillaume a convenablement travaillé, on assure qu’il ne reste rien.

De fait, l’aspect extérieur du fort est lamentable. Les superstructures sont tout à fait détruites, et le dessus n’est plus qu’un chaos. L’entrée par le Sud s’est écroulée et dès longtemps ne sert plus. Pour pénétrer à l’intérieur, on passe soit par le coffre double du Nord-Ouest, soit par le coffre simple du Nord-Est. Le coffre double est écrasé, mais une issue a été aménagée à l’usage des troupes qui se succèdent dans le secteur à l’Ouest du fort (courtine, tranchée de Besançon). La gaine qui le relie aux bâtimens est fissurée près de la descente dans le fossé et crevée près de la caserne. De même, le coffre simple Nord-Est a été percé vers l’extérieur et fournit un passage aux élémens qui tiennent les tranchées Est et Nord (tranchées, du fort et de Belfort). Ces deux entrées, qui sont du côté du trapèze le plus rapproché de l’ennemi, favoriseront l’assaillant. C’est par là qu’il s’introduira. Mais peut-il s’attendre à une résistance dans une telle ruine ? La tourelle de 75 a beaucoup souffert : sa communication avec la caserne est obstruée. L’ensemble n’est