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divisions accolées sur un front de trois kilomètres du fort de Douaumont au fort de Vaux : il est repoussé. Le 15, nous l’attaquons (3 bataillons du 36e régiment et des élémens du 120e) entre le ravin de la Caillette et le ravin de la Fausse-Côte, et lui faisons près de 200 prisonniers. Le 19, reprise de l’attaque : la 81e brigade enlève un fortin rempli de cadavres et, de blessés, fait 260 prisonniers, dont 9 officiers, 4 aspirans et 16 sous-officiers, et s’empare de mitrailleuses et de tout un matériel de lance-flammes. Vainement l’ennemi essaie de reprendre trois jours de suite l’offensive ; il ne peut nous arracher les tranchées laborieusement conquises. Toute cette période d’avril nous est favorable dans la région de Vaux. Le général Nivelle, qui commande le secteur, a préconisé une défense active qui excite le moral des troupes et déjoue les intentions de l’adversaire. Satisfait du résultat obtenu sur les deux rives de la Meuse au cours des dernières opérations, le général Pétain, appelé le 30 avril par le général en chef à prendre le commandement du groupe des Armées du Centre, avant de remettre au général Nivelle le commandement de la 2e Armée, adresse aux troupes un ordre du jour où il dit :

« Une des plus grandes batailles que l’Histoire ait enregistrées se livre depuis plus de deux mois autour de Verdun. Grâce à tous, chefs et soldats, grâce au dévouement et à l’abnégation des hommes des divers services, un coup formidable a été porté à la puissance militaire allemande... »


Un but excitant et précis est visé au cours du mois de mai : la reprise du fort de Douaumont. Quel soufflet serait ainsi appliqué sur l’orgueil allemand ! Douaumont, qui lui a fait emboucher la trompette épique ; Douaumont, conquête trichée qu’il a badigeonnée de la gloire d’un assaut imaginaire ; Douaumont reperdu, ce serait dans tout l’Empire un cri de surprise et de colère ! Et le 22 mai, à midi, nos bonshommes rentrent dans le fort de Douaumont. Soldats de la division Mangin, bataillons des 36e, 129e, 74e et 54e régimens, vous vous souviendrez de cette heure et de cette date où vous avez égalé les plus audacieux conquérans !

Le fort de Vaux les suivit de ses observatoires et les vit pénétrer par la brèche du Sud. Il les aida de ses feux sur Hardaumont et la Caillette. Et ses murs qui sonnaient sous le