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à encercler les trois compagnies qui occupent encore la partie Ouest du village.

Le 2 avril, le 1er bataillon du 149e régiment (commandant Maganiosc), qui occupe les abris du ravin des Fontaines, reçoit l’ordre de réoccuper le village de Vaux. Au petit jour, il se porte à la digue, où il se fractionne en trois groupes formés chacun d’une compagnie, la 4e en soutien. Une compagnie a pour objectif la rue principale ; une autre opérera plus au Nord, entre la voie ferrée et le ruisseau, en liaison avec le 31e bataillon de chasseurs ; la dernière, plus au Sud, par les jardins.

En quelques bonds, nos hommes ont atteint le village et se sont avancés jusqu’à l’église. Mais un barrage d’artillerie les isole et empêche les renforts de leur parvenir. Les agens de liaison qui réussissent à traverser ce barrage continu, apportent des nouvelles d’abord exaltantes, puis de plus en plus inquiétantes. Les assaillans ont été contre-attaques et sont submergés sous les colonnes d’assaut. Sur la rive droite, dans les jardins, le lieutenant Vayssière qui commandait la compagnie a été tué, et ses hommes ont reflué. Dans le village on se bat corps à corps. Tous les officiers des trois groupemens sont tués, blessés ou capturés, et, parmi eux, le capitaine Toussaint qui commandait la 2e compagnie et qui, gravement frappé, encourageait encore ses hommes à ne pas se rendre. Des sous-officiers prennent leur place. L’ennemi flambe les maisons avec du pétrole. Le sergent Chef a rallié les survivans et, les groupant avec une section de mitrailleuses à la sortie du côté de l’étang, il s’est barricadé dans la dernière maison, a creusé une tranchée et arrêté l’ennemi. Au Nord, le sergent Chapelle tient de même jusqu’à la nuit avec quelques élémens. On travaille à deux : l’un fait un trou, tandis que son camarade tire. Les pertes allemandes sont considérables. Un soldat qui les a vues disait : « Il y en avait, chez eux, des allongés ! »

Si le village est perdu, sauf la dernière maison, le chemin de la digue est barré. Mais, sur le revers Nord du ravin, les Allemands ont réussi à se rapprocher de la voie ferrée.

Dès le lendemain, le 74e régiment reprend ces tranchées perdues de la Caillette et, continuant sa progression, il pousse ses postes d’écoute jusqu’à la crête du fameux Douaumont.

Comment énumérer tant de combats presque ininterrompus, et tant de prouesses ? Le 11 avril, l’ennemi attaque par deux