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sur la nécessité pour la Serbie d’obtenir un débouché sur l’Adriatique et sur le droit qu’elle a de posséder une partie du littoral de cette mer, le premier ministre serbe ajoutait ces paroles rassurantes, que la presse italienne a enregistrées avec une vive satisfaction : « La Serbie ne prétend nullement jouer le rôle de puissance navale ni posséder une flotte de guerre. Elle reconnaît volontiers à l’Italie la maîtrise de la mer Adriatique. » Dans ces conditions, aucune contestation sérieuse ne saurait plus mettre aux prises les deux puissances. L’Italie ne fait nulle objection au désir qu’a la Serbie d’obtenir les débouchés économiques indispensables à son existence ; et, s’il en faut croire M. Pachitch, tous les Alliés sont d’accord pour lui en reconnaître le droit et lui en assurer la possession. Il apparaît donc bien que, malgré l’âpreté apportée parfois à la défense des intérêts opposés et rivaux, la lutte pour l’Adriatique peut et doit aboutir à une transaction. Et il semble certain que cette transaction, en écartant l’Autriche, saura, par un heureux accommodement, ménager des droits également respectables et qui ne sont point, malgré tout, inconciliables.


CHARLES DIEHL.