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L’APOTRE DES INDES ET DU JAPON

FRANÇOIS DE XAVIER

V [1]
DU JAPON AU SEUIL DE LA CHINE


XI. — KAGOSHIMA

François arrivait au Japon avec une curiosité qu’il n’avait pas encore aussi vivement ressentie et avec les plus douces préventions.. La province de Satsuma, dont Kagoshima était la capitale, n’avait pas encore le renom glorieux qu’elle allait bientôt acquérir. Mais l’ambition de ses princes, les Shimadzu, grandissait. Ils guettaient le moment de s’annexer les provinces voisines : et leurs samuraï passaient déjà pour les plus fiers de l’archipel. Le Kagoshima d’alors ne différait pas sensiblement du Kagoshima d’aujourd’hui. Moins les édifices de briques, c’était, au pied d’une colline, la même agglomération de bicoques et de maisonnettes en bois. En face, dans le golfe profond, s’élève l’ile de Sakura dont le volcan aux fréquentes éruptions rappela sans doute à François ceux des Moluques. Paysage lumineux et ville pauvre. Nulle part au Japon la vie n’était plus sobre et le luxe plus réduit que dans cette cité la plus méridionale de l’Empire. La civilisation japonaise s’offrit

  1. Voyez la Revue des 15 février, 13 mars, 1er mai et 15 juillet.