les pays de l’Alliance. En Angleterre, comme en Belgique, en France, en Italie, en Espagne et chez tous les peuples amis ou alliés de l’Union, des agens de liaison internationale seraient ainsi entretenus et accrédités par les gouvernemens. Mais, pour que nos efforts ne courent pas le risque de s’éparpiller ou de s’annuler réciproquement, il importerait d’élaborer en commun un programme unique, qui se limiterait prudemment à la défense des intérêts communs, qui bannirait toute arrière-pensée de propagande politique ou religieuse, qui, enfin, éliminerait résolument toutes les controverses irritantes, toutes les questions qui divisent. Ces agens de liaison seraient de véritables missionnaires laïques, avec un mandat temporaire ou illimité, suivant le but ou les circonstances, à condition toutefois que ces missions soient confiées à des hommes sérieux, qui connaissent bien les pays où ils vont. Si tel emploi requiert un calculateur, que ce ne soit pas un danseur, ou simplement un camarade qui l’obtienne !
En ce qui nous concerne, nous Français, il importerait surtout de réorganiser nos consulats, d’en augmenter le personnel, débordé par des fonctions auxquelles il ne peut pas suffire, et qui finit par s’ensevelir dans la paperasserie, dans de fastidieuses besognes de statistique, d’une exactitude toujours problématique et d’ailleurs combien inefficientes ! Que le Français qui passe trouve, auprès de nos agens, un concours toujours empressé et effectif ; qu’ils s’efforcent de l’aider dans la mesure où lui-même est utile à son pays ; qu’ils sortent davantage, qu’ils se mêlent aux indigènes, pour les flatter dans leur amour-propre, pour leur rendre service et pour les attirer dans notre clientèle ! Enfin, à côté de nos ambassadeurs, à Londres, à Rome, à Madrid, à Pétrograd, partout où il y aurait avantage à le faire, ne pourrait-on placer des personnages sans caractère ni obligations officielles, dont l’unique tâche serait de représenter, de plaire et de rapprocher ? Des hommes du monde pourraient y réussir aussi bien que des savans, des écrivains, des artistes, pourvu qu’ils sortent du petit cercle diplomatique et mondain que l’ambassadeur ne peut guère franchir, qu’ils pénètrent dans les couches profondes de la nation, qu’ils sachent voir, observer, prendre langue avec quiconque est une « valeur » intellectuelle ou sociale du pays.
Assurément, cela ne peut pas s’improviser du jour au lendemain.