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l’Ornain n’étant pas douteuse, le IVe corps de cavalerie serait jeté vers le Sud, Saint-Dizier, Langres, la Bourgogne.

La poussée fut assez forte, le 6, pour que notre 5e corps fût refoulé de Laheycourt sur Laimont, et Revigny est tombé entre les mains du Vle corps allemand qui peut ainsi canonner son flanc gauche. Nos troupes reçoivent l’ordre de se maintenir, en dépit de tout, entre Laimont et Laheycourt. La journée du 7 se passe en alternatives de succès et de revers médiocres sur la longue ligne Revigny-Montfaucon où les deux armées sont aux prises, car si on se bat sur l’Ornain et l’Aire, la 72e division détachée de l’armée de Verdun par le général Coutanceau, gouverneur de la place, menace dans la vallée de la Couzance, au Nord, les communications du Kronprinz.

Mais une bien autre menace est suspendue sur le flanc de Sarrail : et c’est la dernière péripétie de l’énorme bataille. Des forces allemandes sont signalées en Woëvre qui semblent destinées à une action sur Saint-Mihiel. Grave incident, car si les Allemands parviennent à percer jusqu’à Saint-Mihiel et surtout à y passer la Meuse, Verdun sera coupé de la 3e armée et, celle-ci étant tournée, ce serait de nouveau le pivot menacé. Cette menace ne détourne pas le commandant de la 3e armée de sa tâche essentielle : dès le matin du 8, ses troupes sont en mouvement, repoussant les corps allemands de la vallée de l’Ornain sur Vassincourt, Villers-aux-Vents, Triaucourt, tandis que l’artillerie du 6e corps écrase dans la région de l’Aire celle du XVIe corps. Mais la menace se précise du côté des Hauts-de-Meuse : l’Allemand se glisse vers Saint-Mihiel ; à treize heures, il a commencé à bombarder le fort de Troyon. Le général Sarrail donne alors l’ordre de faire sauter les ponts à Saint-Mihiel.

Sans paralyser l’action de la 3e armée, cette attaque excentrique la rendait moins aisée. Elle se contente, le 9, de repousser de toutes parts les attaques allemandes. Mais la situation s’aggrave sur ses derrières : Génicourt est bombardé après Troyon, et Troyon semble se taire. Le général Coutanceau télégraphie au commandant du fort : « Situation générale de nos armées excellente. Il importe que la chute du fort de Troyon n’ouvre pas une voie de pénétration aux Allemands. Tenez indéfiniment. » Mais des colonnes allemandes s’avancent toujours vers Saint-Mihiel. L’armée Sarrail tient cependant ferme