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put être efficace pour les armées du centre et de la droite que très tard ; ce n’est qu’à la suite de violens combats où les Allemands avaient échoué dans leurs tentatives d’enfoncement qu’ils s’allaient décider à la retraite. Si l’effet de « ventouse » produit par la manœuvre de Klück contre Maunoury avait été très sensible sur le front anglais, un peu moins sur celui de la 5e armée, il ne pouvait qu’être plus faible, et en tout cas tardif, sur celui de Foch et, tandis que les troupes d’Espérey talonnaient déjà l’ennemi en retraite, la 9e armée subissait, au contraire, la plus violente poussée.

Le 6, au matin, le général commandant la 9e armée avait à Pleurs son poste de commandement : de sa gauche à sa droite, la 42e division et la division du Maroc tenaient la ligne Villeneuve-lès-Charleville-Mondement-Saint-Prix, le 9e corps la région de la Fère-Champenoise avec ses avant-gardes au Nord des Marais de Saint-Gond et le 11e corps la région Semoine-Sommesous, la 9e division de cavalerie étant en réserve dans le camp de Mailly. Les ordres étaient d’ « appuyer » la droite de la 5e armée qui, le 5, semblait devoir subir, le lendemain, un choc plus violent que la 9e. La 42e division, et la division du Maroc devaient donc attaquer dans la direction de Vauchamps, tandis que le 9e corps se contenterait d’abord de s’établir solidement sur la ligne des Marais, d’où il se tiendrait prêt à déboucher sur Champaubert ; le 11e corps s’installerait, cependant, sur la ligne Morains-le-Petit-Lenharrée.

Mais dès le 6, la 9e armée put s’apercevoir qu’elle allait avoir affaire à très forte partie ; les deux divisions de gauche organisant défensivement la crête qu’elles occupaient, le 9e corps ne put, contre des attaques très vives, maintenir ses avant-gardes au Nord des marais et le 11e, après une lutte d’une journée, dut, dans la soirée, évacuer ses positions. Le Xe corps allemand s’était emparé de Saint-Prix à notre gauche, la Garde avait chassé les Français du Nord des marais où elle se fortifiait, et le XIIe corps faisait mine de profiter, sur la droite de Foch, de l’évacuation des villages bombardés.

Le 7, l’attaque allemande s’accentua, particulièrement sur notre gauche où la 42e division et la division du Maroc eurent grand’peine à maintenir leurs positions. Le général Foch restait cependant fort calme. Il répétait, dit-on : « Puisqu’on s’évertue à nous enfoncer avec cette fureur, c’est que leurs affaires vont