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devant Châtillon-sur-Morin par la résistance acharnée de l’ennemi ; mais, par une manœuvre remarquable, une division de ce corps parvient à tourner, par les bois de la Noue, l’ennemi à la droite duquel il débouche, prenant de flanc les défenses établies devant Esternay. Le village tombe entre nos mains, tandis que, dans Le Gault, la progression allemande est arrêtée.

Le général se préparait, le 7, au matin, à de nouvelles luttes, lorsque l’aviation lui signala le mouvement de repli des troupes ennemies. Non seulement les corps de Klück gagnaient au Nord-Est leur nouveau champ de bataille, mais la droite de Bülow, contrainte, à moins d’être découverte, de suivre le mouvement, esquissait, elle aussi, un recul. Espérey, toutefois, était loin de trouver le vide devant lui ; d’importantes forces de cavalerie, appuyées par des élémens d’infanterie et surtout par une artillerie fort active, essayaient de s’opposer à la marche en avant de la 5e armée.

Sans se laisser intimider, Espérey jette en avant ses troupes, dans la direction de Montmirail. Mais au moment où l’action se déclenchait, le commandant de la 5e armée était avisé qu’à sa droite, la gauche de la 9e armée était très vivement attaquée. C’était l’essai de percement de notre centre, sur lequel nous reviendrons tout à l’heure. Espérey fait immédiatement appuyer à droite son 10e corps pour prêter aide au voisin et, malgré une vive résistance, ce corps, soutenu par le 1er, gagne du terrain et, en fin de journée, atteint Charleville et La Rue-Lecomte.

Les 3e et 18e corps, cependant, ont pu s’avancer sur les derrières des Allemands et les reconduire jusqu’en vue de Montmirail où des troupes du IIe corps ont tenté de s’accrocher, tandis que l’artillerie allemande a déchaîné un véritable Trommelfeuer. C’est au 3e corps qu’est réservée la gloire d’occuper, le 8, la célèbre position. La mêlée est violente : elle se prolonge huit heures et c’est sur 7 000 cadavres allemands que le général Hache occupe Montmirail et ses environs. Le 1er corps a, de son côté, escaladé le plateau de Vauchamps où flambe le village, non moins illustre que l’autre.

Maître de Montmirail, la veille encore quartier général de Bülow, Espérey domine la situation : il pousse sa gauche, le corps Maudhuy (18e), vers le plateau de Brie et les bois de Condé, vers la Marne que le général de Maudhuy atteint à