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que la droite de Klück a repassé la Marne et obstrue les routes, canonnent les ponts du fleuve, notamment à la Ferté-Milon, tandis que l’infanterie des trois corps accélère sa marche. Des régimens anglais parviennent maintenant à accrocher l’ennemi, notamment entre Saint-Cyr et La Trétoire, où l’engagement est assez vif. Dans la soirée du 8, le maréchal force le passage du Petit-Morin et talonne la IIe division de cavalerie qui, comptant s’arrêter, est, sous la menace anglaise, obligée de continuer.sa retraite. Les Anglais, encouragés, marchent maintenant un peu plus vite : ils franchissent la Marne entre Luzancy et Nogent-l’Artaud ; là où les Allemands ont rompu les ponts, les pontonniers anglais en. rétablissent ; c’est ainsi qu’à Vareddes, avec une ténacité toute britannique, ils ne parviennent qu’après dix-sept tentatives sous le feu ennemi à établir un pont de bateaux : le passage d’une partie de l’armée anglaise est ainsi retardé. Néanmoins, Marwitz ne peut se dissimuler que le danger grandit sur le flanc gauche de Klück : un détachement anglais, lancé sur deux escadrons allemands, les a, suivant les termes du maréchal, « traversés avec autant de facilité qu’un canif dans de la toile d’emballage. » Le recul de la cavalerie allemande s’accentue. Et déjà Espérey, à la droite de French, marchant plus vivement que celui-ci, augmente pour Klück le danger d’enveloppement.


Le général d’Espérey a, dès l’aube du 6, commencé son mouvement offensif dans la direction générale Montmirail. Il pense, — avec raison, — se heurter à des forces imposantes ; mais il est soutenu à sa gauche par le corps de cavalerie Conneau, à sa droite par les élémens de gauche de la 9e armée. Importantes sont, en effet, dans les premières heures du 6, les forces allemandes qui semblent devoir s’opposer à la marche en avant de la 5e armée : c’est l’aile gauche de Klück, deux corps d’armée et deux corps de cavalerie, qui, en ce moment, ont encore l’intention de lui passer sur le corps. La lutte est donc, toute cette journée du 6, très ardue, d’autant que, de Montmirail, l’ennemi domine notre ligne ; le Xe corps descend de cette position éminente par Le Gault, — région boisée, — espérant s’enfoncer en coin entre les 5e et 9e armées, tandis que notre 1er corps est, à la gauche d’Espérey, arrêté tout l’après-midi