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se jetant sur Penchard, y semaient la mort, les zouaves enlevaient Marcilly et Chambry, les chasseurs Barcy, bombardé sévèrement par notre artillerie.

Le 6, notre progression continuait : le IVe corps de réserve tout entier était refoulé vers l’Est et en mauvaise posture, lorsque lui arrivèrent du Sud les premiers renforts. Klück vient de s’apercevoir de la faute commise. Faute de renseignemens précis, il a couru une grosse aventure. Il a rappelé immédiatement à lui les IIe et IVe corps, dégarnissant ainsi le front devant les Anglais et Espérey pour courir au danger pressant, et il établit sa grosse artillerie entre Vareddes et May-en-Multien.

Mais le combat ne se rétablit point immédiatement pour les Allemands et, en fin d’après-midi, le IVe corps de réserve, très endommagé, est en pleine retraite vers les bois de Meaux. Maunoury, qui, le 7, a vu amener de Paris la 6e division, pense l’utiliser pour accentuer la progression et commence son mouvement d’enveloppement : le IVe corps de réserve fléchit encore. C’est alors que le gros de l’armée Klück, qui a repassé la Marne, intervient : le général Vauthier (7e corps) est attaqué très vivement à Etavigny par le IIe corps et rejeté d’Acy-en-Multien après un combat acharné. Le combat est partout d’une rare âpreté. L’artillerie allemande a beau, de Trocy, canonner nos positions ; nos hommes prennent et, les ayant perdues, reprennent celles-ci : la ferme de Nogeon, où nous nous emparons d’un drapeau, est ainsi prise et reprise trois fois.

Klück semble cependant avoir conjuré le danger : il entend prendre l’offensive le 8, rappelant ses forces hasardées au Sud. Mais nos troupes n’entendent nullement céder plus de terrain, et la journée du 8 est d’une rare violence. Nous avançons jusqu’à midi ; mais la 45e division, qui attaque dans la direction de Vareddes, est arrêtée par les tirs de barrage et le 7e corps rejeté de Betz et Thury-en-Valois. Maunoury fait alors donner trois régimens de la 61e division de réserve, tandis que le 8e corps d’armée pousse sur Trilport et Changis. Klück ne cesse de recevoir les renforts qu’il appelle et appelle sans cesse. Maunoury, à la vérité, en reçoit aussi et d’importance : tout le 4’^corps d’armée (général Boëlle), enlevé à l’armée Sarrail et rapidement porté à l’autre extrémité du champ de bataille. L’action sur l’Ourcq devient grande bataille : Klück l’entend bien ainsi et, ayant mesuré à quel adversaire il a affaire, il semble même renoncer à