Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 35.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fois perceptibles sept fois plus loin que d’autres ! Si l’intensité du son variait exactement comme le carré de la distance, il en faudrait déduire que l’état de l’atmosphère peut rendre un son donné près de cinquante fois (plus exactement quarante-neuf fois) plus puissant ou plus faible. En réalité, dès qu’il s’agit d’une distance un peu grande, l’atmosphère ne doit pas être considérée comme un milieu indéfini où la loi du carré s’applique, mais comme une lame assez mince où le son décroît seulement proportionnellement à la simple distance. En tout état de cause, les expériences de Tyndall démontrent que l’état de l’air peut faire varier l’intensité apparente d’un son dans un rapport qui est bien plus grand que celui de sept à un, c’est-à-dire qui est considérable.

D’où peuvent provenir ces variations que chacun de nous a maintes fois remarquées, ne fût-ce qu’en écoutant les coups plus ou moins sonores, suivant les jours, de quelque horloge prochaine ?

Avant tout, le vent paraît avoir dans tout cela un rôle prépondérant. C’est un fait généralement observé, au moins aux petites distances, qu’un vent contraire diminue l’intensité du son, tandis qu’un vent, venant de la même direction que celui-ci, paraît l’intensifier. Cela s’explique facilement. Le son se propage, comme on sait, dans l’air calme avec une vitesse de 331 mètres par seconde (environ 1 200 kilomètres à l’heure) à 0°. Le vent emporte le son lorsqu’il chemine dans le même sens et augmente sa vitesse, et cela d’une fraction qui peut être très notable, car les vents de dix ou vingt mètres à la seconde ne sont pas rares. Mais le vent généralement augmente avec la hauteur, parce que les couches les plus basses sont ralenties dans leur mouvement par leur frottement contre le sol, de même que le courant sur les bords d’un fleuve est moins rapide qu’au milieu. Il s’ensuit que, si j’ose ainsi dire, les rayons sonores, marchant dans le vent, et émis par exemple par un coup de canon, vont plus vite dans leur partie supérieure que près du sol. Et alors, de même qu’un attelage, tiré par deux chevaux de vitesses inégales, tourne dans le sens du moins rapide, de même le son est ramené vers le sol par le vent, lorsque celui-ci est de même sens. L’oreille reçoit ainsi plus d’ondes sonores qu’elle n’en recevrait sans cela. Avec un vent contraire, les ondes sont au contraire rejetées vers le ciel, envoyées en l’air dès leur départ, et il n’en parvient guère à l’oreille d’un observateur rapproché.

Il convient d’ailleurs de remarquer que la vitesse du vent s’ajoute exactement à celle du son ou s’en retranche, selon qu’elles sont de même sens ou de sens opposé. Ainsi le son qui se propagerait à