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perfectionné la promenade des vêtemens a suivi celle du soldat et il retrouve ceux-ci à la sortie avant de passer dans le wagon spécial où on le remet entre les mains du coiffeur et du parfumeur. Ces bains sont fort bien accueillis par les combattans russes, les nôtres préféreraient peut-être un bain dans l’eau claire.

On compte un train-bains par corps d’armée. Au point de vue de la rapidité de l’installation, la Croix-Rouge russe a accompli des progrès remarquables.

A Luow, plus connue sous le nom de Lemberg, ville de 230 000 habitans, avait été installé dans l’espace de quarante-huit heures un hôpital d’évacuation aussi perfectionné que possible. La gare lui donnait asile. Il se composait de deux grandes salles, dont l’une de dimensions particulièrement vastes, contenait les blessés que l’on venait de ramasser sur le front ; l’autre, de taille un peu moins imposante, était destinée aux officiers.

En Pologne également, les femmes ont fait preuve de beaucoup d’activité et d’intelligence. Aussitôt la guerre déclarée, la marquise Wielopolska a été élue par les dames polonaises présidente du Comité pour réunir les fonds pour les blessés et les victimes de la guerre. Grâce à ces fonds, un hôpital improvisé a pu être installé dans les bâtimens de l’Ecole des cadets à Varsovie, hôpital modèle qui contient 2 000 lits, les parois, les tables, les chaises, les planches même toutes ripolinées en blanc. Chaque chambre a son lit de cuivre, des fleurs ; la propreté y est méticuleuse, l’air, la lumière entrent à flot par de larges fenêtres. Le général Pau, lors de son voyage, l’a visité et les dames polonaises qui le dirigent et s’en occupent, au nombre d’une soixantaine, ont saisi avec empressement cette occasion de manifester leur sympathie pour la France.

Quantité d’hôpitaux privés ont été ouverts, tant à Varsovie qu’ailleurs par les dames polonaises, La comtesse Julie Branicka en a fondé un à ses frais pour les officiers dans son palais de Frascati ; la princesse Georges Radziwill en a créé un dans son domaine de Miesnicz. Son Altesse impériale la grande-duchesse Wladimir, la belle-fille de la grande-duchesse Cyrille ont eu, toutes deux, le leur à Varsovie. La première notamment a donné de grands exemples de courage en venant jusque sur le front recueillir les blessés pour son train sanitaire.