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« Demandons un service de guerre pour tous. »

Cette fois, s’il y eut des sourires, ce furent des sourires attendris, dissimulant mal l’émotion suscitée par la bravoure de ces vaillantes. Le cortège comptait plus de 40 000 femmes, et parmi celles-ci des femmes de la haute société marchaient côte à côte avec d’humbles travailleuses, des femmes de journée, des demoiselles de magasin, etc. Le ministre ne les fit pas attendre et, répondant à leur demande d’emploi au travail des munitions, M. George Lloyd y fit droit.

Depuis l’appel du chancelier, adressé quelques mois plus tôt aux femmes anglaises pour obtenir leur participation au service de guerre, pas un jour ne s’est écoulé sans amener de nouveaux concours et, au mois de mai 1915, quarante-quatre mille d’entre elles étaient inscrites pour obtenir du travail aux équipemens ou ailleurs. Les femmes de banquiers à Kensington, les femmes de marins à Islington passent des heures, que dis-je, des journées entières, à des réunions de u couture » où se fabriquent des vêtemens pour les soldats ou pour les réfugiés belges. Au mois d’avril 1915 quand, pour la première fois, les Allemands se servirent de gaz asphyxians, lord Kitchener demanda 500 000 tampons de ouate pour ses troupes, dont 30 000 à livrer tout de suite. En moins de vingt-quatre heures, ils furent prêts pour le transport du front : une association de femmes, à elle seule, en avait fabriqué trois mille.

Un important comité s’est formé à Londres, dans les locaux de la « Société des suffrages féminins, » et c’est de là que part un mouvement intense qui rayonne sur toute l’Angleterre et même au delà. Ce comité est composé d’une part égale d’anti-suffragettes et de suffragettes. Sous la dénomination assez vague de» Service des femmes, » plus de 1 400 d’entre elles se sont inscrites et ont aidé à la création de onze clubs ou cercles de guerre pour les femmes de soldats de terre et de mer ; de neuf hôtels pour les réfugiés belges, de clubs ou cercles de jeunes filles et de sept ouvroirs. Ce « Service des femmes, » à lui seul, groupe des centaines de femmes qui ont confectionné des layettes pour les enfans des réfugiés belges. Son équipe d’aide- volontaires s’occupe dans les hôpitaux de la Grande-Bretagne à nettoyer, à faire la cuisine, à servir les repas, et à aider les infirmières.

La « Catholic Women League » envoyait, le 22 août, vingt