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ayant décliné d’envoyer les femmes de cette association sur le front, l’Union nationale des sociétés féminines prêta ses vastes locaux pour l’établissement d’ambulances des « Femmes Ecossaises. » Deux équipes ont été détachées de la maison mère et sont parties jadis pour la Serbie ; l’une fut retenue temporairement à Malte pour y soigner les blessés anglais. Une troisième équipe a élu domicile en France et fait merveilles à Royaumont., Au début, les autorités médicales françaises mirent en doute la compétence de ces nouvelles recrues, mais les voyant à l’œuvre, elles revinrent de leur opinion première et reconnurent que ces femmes remplissent admirablement toutes les fonctions qu’elles ont assumées.

L’établissement a donc été porté au rang d’hôpital militaire français, le premier hôpital militaire du monde entièrement desservi par des femmes et placé, par les autorités militaires et le service de santé, exactement sur le même pied que les services sanitaires médicaux masculins. Les chirurgiennes entreprennent n’importe quel genre d’opérations, et un rapport officiel du général Février rend justice à leur habileté. Une nouvelle équipe, à la tête de laquelle se trouve Mrs Harley, la sœur de sir John French, qui a fait ses preuves à Royaumont, a été transférée à Troyes pour y rendre les mêmes services.

N’ayons garde de passer sous silence les... Suffragettes. Ces pauvres suffragettes qui ont tant fait parler d’elles, dont on a tant ri, ont trouvé un emploi à leur exubérance et, pour être juste, il faut reconnaître qu’elles ont forcé l’admiration de tous par leur courage, leur persévérance à vouloir participer à la guerre. Les seuls « droits » qu’elles réclament maintenant se concentrent en celui « de servir la pairie à cette heure suprême de son histoire. » Et celui-là, personne ne songe à le leur contester : aucun tolle ne s’est élevé quand, l’année dernière, les suffragettes se sont formées en une vaste procession, partie des quais de la Tamise pour se dérouler à travers Londres. Chacune des 125 sociétés qui la composaient, était précédée d’un magnifique étendard avec des inscriptions dans le genre de celles-ci :

« Les hommes doivent se battre, les femmes doivent travailler. »

« Nous sommes déterminées à sauver la Patrie. Afin de réduire le Kaiser, faisons des obus. »